La néosporose est la première cause d’avortements infectieux chez les bovins dans le monde. Une gestion des individus à la mise à la reproduction des génisses pour le choix des futures reproductrices du troupeau permet d’assainir le cheptel.
Contre la néosporose, il n’existe à l’heure actuelle ni vaccin, ni traitement. La prévention repose sur des mesures sanitaires à l’assainissement du troupeau car les risques économiques liés aux avortements et troubles de la reproduction, selon la prévalence de la maladie dans le troupeau, peuvent être importants. Mais les animaux porteurs ne présentent pas ou très peu de baisse de performances.
Test avant la mise à la reproduction
Il n’existe donc pas d’urgence à la réforme d’un point de vue épidémiologique en raison de la nature du cycle. Et pas d’impératif économique en raison de ce maintien des performances. Aussi, depuis 2019, le GDS Bretagne ne propose plus de réformer systématiquement les animaux adultes positifs à la néosporose. Il a mis en place de nouveaux protocoles de suivi, du dépistage ciblé des lignées positives et des génissses au dépistage complet et suivi pendant 2 ans. Tout dépend de la situation initiale selon le taux d’avortements et la prévalence de néosporose. Le moment le plus facile pour détecter les génisses parasitées est la phase avant la mise à la reproduction. Il est cependant possible de réaliser ce test aussi à la naissance, avant la buvée du colostrum, ou après 6 mois d’âge. Quand les génisses sont testées par prise de sang, la situation de leur mère vis-à-vis de ce parasite peut être déduite. Dans la mesure du possible, aucune descendance de ces vaches séropositives ne sera gardée dans le troupeau.
Transmise par la mère dans 9 cas sur 10
Dans 9 cas sur 10, la transmission est dite « verticale » : le fœtus est infesté pendant la gestation par sa mère elle-même parasitée par Neospora caninum. Les vaches contaminées ainsi avortent moins et généralement au 2e tiers de la gestation. Cependant, 65 % des veaux qui naissent sont porteurs et le restent à vie. L’autre mode de contamination se fait de manière « horizontale » via les excréments d’un chien parasité. De la même famille que la coccidiose, on ne connaît pas la durée infectieuse du parasite dans le milieu. Il n’est connu aucun autre mode de contamination chez les bovins (contact, lait, colostrum, salive, urine, bouse, sperme…). L’augmentation de la taille des troupeaux et la progression de la ration complète ont augmenté la prévalence de la maladie dans les élevages.
Le chien est un hôte de ce parasite. Il se contamine en mangeant des avortons ou des placentas contaminés. Porteur de la néosporose, il dissémine ces parasites sous forme d’ookystes résistants dans le milieu. L’excrétion est d’autant plus forte que le chien est jeune. La vache qui ingère ces ookystes se contamine et reste porteuse à vie. C’est le type de contamination « horizontale » qui concerne 1 vache atteinte sur 10. Les chiens ne doivent donc pas avoir accès aux placentas, ni aux aliments, ni au logement des bovins afin d’éviter les déjections. Les placentas doivent être ramassés et détruits : réglementairement, ces opérations doivent être réalisées par l’équarrissage. Ce mode de contamination est également possible avec le loup, le coyote ou le dingo, des familles d’espèces proches de celle du chien. Mais, contrairement aux croyances, la contamination par le renard n’a jamais été prouvée. Les précautions doivent porter prioritairement sur les bovins et les chiens. Grégoire Kuntz, vétérinaire conseil, GDS Bretagne