La luzerne bio déshydratée en croissance

 - Illustration La luzerne bio déshydratée en croissance
De gauche à droite : Emmanuel Gardan, Romain Carpentier et Philippe Étienne.
Agriculteur bio à Pocé-les-Bois (35), Emmanuel Gardan cultive 9 ha de luzerne avec achat par Déshyouest. Ce fourrage intéresse notamment les éleveurs laitiers en bio.

« Je ne m’occupe que du semis et de la fertilisation. La prestation de fauche, andainage, ensilage et transport est assurée par la coopérative ainsi que le suivi technique et la vente », explique l’agriculteur qui est payé 75 €/t de luzerne déshydratée (prix 2018) par Déshyouest. En moyenne, le rendement est de 9 – 10 t MS/ha/an (sur 3 à 4 fauches) avec une culture implantée pour 3 à 4 ans. « La luzerne est très intéressante pour mes terres en bio. Elle allonge les rotations », précise-t-il.

L’ajout de trèfle blanc se généralise

Classiquement sur l’exploitation de 57 ha, la luzerne est suivie de blé ou maïs, puis de maïs ou blé, de sarrasin, d’un mélange triticale / pois avant le retour de prairie ou de luzerne. Elle est semée à 20 kg/ha avec un ajout de 3 – 4 kg/ha de trèfle. « J’apporte du lisier au printemps à partir de la 2e année de culture ».
« Depuis 6 ans, nous expérimentons l’ajout de trèfle blanc à la luzerne car le désherbage n’est pas simple sur cette culture. Il est couvrant et ne fait pas trop concurrence. En septembre, quand la luzerne perd en production, il prend le relais », explique Romain Carpentier, technicien Déshyouest. « Dans certains cas, nous ajoutons un peu de trèfle violet plus tolérant à l’excès d’eau. » Des essais de désherbage mécanique ont aussi été réalisés (herse étrille, vibroculteur…). Globalement, le trèfle a permis d’augmenter la valeur en protéines, avec des teneurs équivalentes entre conventionnel et bio.

75 % d’énergies renouvelables

Pour la déshydratation des fourrages sur ses deux sites de Domagné (35) et Changé (53), la coopérative utilise aujourd’hui 75 % d’énergies renouvelables : valorisation de vapeur et approvisionnements locaux en miscanthus, plaquettes forestières et sciure. « J’apprécie de travailler avec une entreprise locale engagée pour la transition énergétique », souligne Emmanuel Gardan.

Deux types d’aides couplées

Au niveau national, 2 types d’aides couplées sur les protéines végétales existent : une aide adossée à un contrat d’engagement toutes coupes avec la coopérative (112 €/ha en 2017 et 123 €/ha en 2018) ou une aide à la production de protéines végétales autoconsommées de 285 €/ha en 2018. Cette aide est éligible sous une condition : posséder au moins 5 UBG et/ou un contrat de fourniture avec un éleveur. Cette culture doit être composée à 100 % de légumineuses.

25% des tonnages de Déshyouest en bio

Aujourd’hui, la bio représente 25 % des tonnages de Déshyouest, soit 19 000 t, essentiellement de la luzerne et du maïs qui retournent dans leurs élevages d’origine ou qui sont vendus sur le Grand Ouest. « Un chiffre important qui s’explique par le fait qu’en grandes cultures biologiques, la luzerne est intéressante sur le plan agronomique », détaille Philippe Étienne, président de Déshyouest. « D’un autre côté, les conversions en lait bio augmentent avec un besoin d’autonomie protéique et d’optimisation de la production laitière notamment en hiver. La luzerne déshydratée apporte une sécurité et une homogénéité des stocks. Elle conserve les protéines, les caroténoïdes, les vitamines… ». Ce produit commence aussi à percer sur de nouveaux marchés comme l’alimentation de poules pondeuses.


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