L’association Adess aide les petites communes à faire émerger des idées nouvelles, destinées à redynamiser les centres-bourgs où les habitants ont la volonté de recréer du lien social.
Il semble bien loin le temps où, dans les petites communes rurales, les habitants trouvaient à tous les coins de rue de quoi acheter du pain, faire réparer son automobile et ses outils, ou discuter avec d’autres citoyens le temps d’un café. Les petites bourgades de quelques centaines d’âmes se sont vidées à partir des années 60, leurs habitants étant aspirés par des villes de taille plus conséquente et voisines. Ces départs de la campagne ont été bien souvent accompagnés par la fermeture d’échoppes. Pourtant, il se passe des choses dans les petits villages perdus au milieu de nulle part. Les habitants et des associations travaillent de concert pour redynamiser des hameaux qui n’ont jamais réellement perdu de leur vivacité.
[caption id= »attachment_43089″ align= »aligncenter » width= »720″] Éliane Le Duff, coordinatrice pour Adess Morlaix.[/caption]
Générer du lien social
Adess du Pays de Morlaix, association de développement de l’économie sociale et solidaire*, fait partie de ces organismes qui revitalisent les centres-bourgs. « Ces petites communes ont aussi des idées, reste à savoir comment faire émerger ces projets nouveaux en ruralité », se demande Éliane Le Duff, coordinatrice de l’association. Pour répondre à cette question, les antennes Adess Morlaix et Ouest Côtes d’Armor ont sollicité les conseils municipaux de petites bourgades de moins de 2 000 habitants pour un projet intitulé Ruralités en Trégor. Le principe repose sur un sondage remis aux municipalités volontaires pour faire émerger les demandes des villageois, « une sorte de mise à l’écoute ». La suite se passe sous la forme d’une réunion publique, « pour prendre le pouls et informer la population de l’action ». À la suite du retour des sondages, une seconde réunion analyse les résultats obtenus.
« Une attente forte de ces populations est de générer du lien social, c’est systématique. On a cassé cette dynamique dans les bourgs en centralisant les services dans les agglomérations plus importantes. De plus, les gens ne travaillent plus sur leur commune », explique la coordinatrice. Parfois, ces questionnaires ressemblent « au bureau des plaintes. Alors que fait-on pour améliorer les choses ? », questionne Éliane Le Duff, qui ressent beaucoup plus de spontanéité des personnes en milieu rural. Et les idées fusent, chacun étant prêt à mettre à disposition un tracteur, des outils, donner de son temps. Ici, ce sera un jardin partagé et cultivé par les résidants qui verra le jour. « C’est un prétexte pour se retrouver entre habitants », souligne la coordinatrice. Sur cet autre territoire, la demande de la population tend vers la création d’un commerce-épicerie.
« C’est très souvent un modèle économique compliqué », avoue Éliane Le Duff. « Les petits commerces ont besoin d’un modèle économique hybride qui mêle subventions et capitaux. Notre ADN se base sur le participatif ». Ainsi et sur la commune de Locmélar (29), une Scic (société coopérative d’intérêt collectif) a permis aux habitants de prendre des parts dans un projet de restaurant-épicerie aujourd’hui abouti en lieu et place de l’ancien presbytère.
Le travail de l’association se base aussi sur l’organisation de « journées inspirantes », en faisant témoigner des acteurs qui ont réussi à mettre sur pied leur projet. Pour finaliser son action, Adess oriente les citoyens ruraux « vers des organismes prêts à aider la population, comme l’Ulamir (Union locale d’animation en milieu rural) ou la Chambre d’agriculture pour les idées basées sur des potagers partagés ».
Jouer la carte de l’originalité
Le village a une carte à jouer avec des thématiques comme « l’exemplarité environnementale, ou les concepts décalés ou originaux. Les gens adhèrent à ce type de projet ». En exemple, Éliane Le Duff cite les portes ouvertes de fermes, les marchés de producteurs, les cafés-concerts aux affiches originales qui attirent les visiteurs et dynamisent le lieu de vie. Certains pourront craindre le non-aboutissement de projet pour faute d’argent. La coordinatrice rassure. « Des fonds sont fléchés pour ces projets. Parfois, les bonnes idées ne coûtent rien ». Un chemin de randonnée à entretenir pour découvrir le village ou un local dédié aux plus jeunes peut satisfaire des envies à moindres frais.
* Il existe 1 pôle Économie sociale et solidaire par EPCI en Bretagne, soit 21 associations identiques à Adess. La Bretagne fait figure d’exemple au niveau national, aucune autre région ne propose un maillage aussi dense.