Maraîchage : Adapter ses outils à son système

 - Illustration Maraîchage : Adapter ses outils à son système
les planches permanentes mesurent 50 m de long pour 1,20 m de large.
Pour cultiver leurs terres, des maraîchers ont fait appel à l’Atelier paysan pour autoconstruire leurs outils de travail du sol, afin de les adapter à leur système de culture.

« Nous sommes partis dès le début de notre installation sur un système de culture en planches permanentes, pour faciliter l’organisation du travail et pour moins bouleverser la vie du sol », témoigne Anaïs Fromentoux, maraîchère associée à François Donnay et installée à Saint-Yvi (29). Lors d’une journée de présentation organisée par le Gab 29, ils ont partagé leur expérience sur leur ferme de 3 ha de légumes de plein champ et de 3 500 m2 de culture sous abri, où la production se réalise sur des buttes surélevées. « Ces planches se ressuient plus rapidement, les récoltes sont plus précoces ». Pour former les planches et pour travailler le sol, ces agriculteurs ont bénéficié de l’expérience de l’Atelier paysan pour construire eux-mêmes leur matériel.

Le cultibutte pour une récolte précoce

Une soixantaine de légumes sont cultivés chaque année sur la ferme, les cultures ont une rotation étalée sur 9 ans. Un engrais vert est systématiquement implanté (vesce, avoine, ray-grass, trèfle, sarrasin) entre chaque production, à l’aide d’un petit semoir de 12 bottes. Avant semis ou plantation, le cultibutte forme les planches de 50 m de long, sur une largeur de 1,2 m. « C’est une largeur adaptée à la dimension des serres ». Une bande de 30 cm de large est laissée entre les planches pour le passage des roues du tracteur.

Le cultibutte est un outil composé de dents de cultivateur et d’une paire de disques. Il est complété par un rouleau arrière, actionné par un vérin hydraulique simple effet. Après formation de la butte, plusieurs passages de cultibutte sont nécessaires « si la plante cultivée a besoin de profondeur de sol, comme pour les carottes. Il peut aussi, suivant les réglages, gratter légèrement le sol et reformer la butte en un seul passage après récolte », explique François Donnay.

Un sol affiné avec le vibroplanche

Autre outil utilisé par les producteurs, le vibroplanche est utilisé pour l’affinage du sol ou pour les faux semis. Il comprend des dents de vibroculteur ainsi qu’une herse étrille. « Il bine également dans son passage les allées ». Pour compléter le parc de matériel de désherbage mécanique, une herse étrille vient épouser la forme de la planche, grâce à des ressorts de tension qui règlent l’agressivité des dents.

[caption id= »attachment_43295″ align= »aligncenter » width= »720″] Le vibroplanche est utilisé pour les faux semis. Il a été autoconstruit avec l’aide de l’Atelier Paysan.[/caption]

Inséparable triangle d’attelage

Pour attacher les différents outils de la ferme, les maraîchers ont installé un triangle d’attelage mâle sur le tracteur, les différents outils de désherbage et de travail du sol recevant un triangle femelle. « Une personne seule peut atteler et décrocher son outil. Le triangle femelle coûte dans les 40 €, il faut compter 140 € pour le triangle mâle », chiffre François Donnay. Ces triangles ont aussi le gros avantage de sécuriser les opérations de changement d’outils. Les formations dispensées par l’Atelier paysan donnent de l’autonomie aux maraîchers : « J’ai adapté mes bineuses à ma ferme, je sais désormais réparer mes outils », fait observer François Donnay.

[caption id= »attachment_43294″ align= »aligncenter » width= »720″] Atteler ses outils est très simple et sécurisant grâce au triangle d’attelage.[/caption]

Automatiser l’ouverture des tunnels

Le matériel autoconstruit par l’Atelier paysan ne s’arrête pas à des outils de travail du sol ou de désherbage. Après avoir suivi une formation sur l’automatisation, les maraîchers se sont équipés d’un système d’ouverture et de fermeture de leur serre paramétrable. Le système agit suivant les conditions météorologiques. La Ferme de Kerlou embauche deux salariés, « nous passions 160 à 170 heures par an à ouvrir et fermer les tunnels », chiffre François Donnay. Cette automatisation de la serre dégage du temps, et aura au final coûté dans les 8 000 € au lieu de 20 000 € pour les systèmes du commerce.

Des plans accessibles sans brevet

L’atelier paysan est une coopérative (SCIC) qui accompagne les agriculteurs et agricultrices dans l’adaptation et la construction de leur outil de travail : machines et bâtiments agricoles. Il recense, conçoit et diffuse, avec les producteurs et productrices, des technologies appropriées qui sont reproductibles en autoconstruction et dont les plans sont accessibles à tous, sans brevet (licence Creative Commons). La coopérative accompagne ainsi, par la réappropriation de la technologie, le renouvellement de l’agriculture vers des modèles plus économes, autonomes et respectueux de l’environnement. Contact : antenne Grand Ouest, La Vraie-Croix (56), 06 01 30 34 17 ou par mail à c.guillouzouic@latelierpaysan.org


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