Élever des veaux issus de mères vaccinées permet de limiter les traitements et d’améliorer les performances des génisses et des veaux de boucherie, comme le prouve l’essai terrain Veau 2+.
Les diarrhées et maladies respiratoires sont les principales causes de traitements et de mortalité des génisses d’élevage laitier et des veaux de boucherie. Améliorer la robustesse des jeunes veaux est un enjeu pour les deux filières qui pourraient mettre en place des liens utiles comme l’a prouvé l’essai terrain Veau 2+ réalisé en 2017 – 2018. Il a misé sur la vaccination des mères dans le but de réduire la pression microbienne dans les élevages et renforcer l’immunité des veaux via le colostrum.
Moins d’antibiotiques et de mortalité
« Dans 40 élevages, 819 vaches Prim’Holstein ont été doublement vaccinées contre les principaux agents de diarrhées néonatales et de maladies respiratoires. Les veaux mâles issus de ces vaches (V2+) ont été engraissés dans 10 ateliers de veaux de boucherie. Leurs performances ont été comparées à celles de veaux tout-venant, engraissés dans les mêmes salles », explique Magdéléna Chanteperdrix de l’Institut de l’élevage qui a conduit l’essai. 29 vétérinaires, 5 techniciens d’élevage et 11 marchands de veaux ont aussi été impliqués.
« Dès l’entrée en atelier d’engraissement, il y avait davantage de veaux ayant une quantité satisfaisante d’immuno-globulines dans les lots V2+ que les lots tout-venant. Ces veaux V2+ présentaient par ailleurs un poids supérieur de 1 kg à âge égal en moyenne et moins de signes de troubles respiratoires (toux et écoulements) au 3e jour de leur arrivée : 11 % contre 19 %. » Globalement, les traitements antibiotiques ont été plus importants dans les lots tout-venant durant la période à risque des 45 premiers jours d’engraissement, surtout liés aux problèmes respiratoires : 3,5 contre 2,9 en V2+. Des écarts significatifs de mortalité ont aussi été enregistrés en faveur des V2+.
« Dans les élevages laitiers, les génisses V2+ ont, quant à elles, affiché de bonnes croissances, situées plutôt dans la courbe des recommandations pour un vêlage précoce », ajoute Béatrice Mounaix, de l’Institut de l’élevage. Elles ont été suivies avec des mesures du périmètre thoracique. Sur les 315 génisses, 25 ont été perdues (7,9 % de mortalité) surtout au moment du vêlage. Seules 3 génisses sont mortes après 2 semaines d’âge.
La bonne distribution du colostrum, élément-clé
« Pour un transfert efficace de l’immunité maternelle, nous avions imposé un minimum de 4 L de colostrum dans les 6 premières heures de vie du veau. » Le taux de mortalité dépend notamment du mode de distribution du colostrum. Avec le drenchage, les génisses V2+ ont affiché une mortalité de 5 % contre 9 % en biberon et 11 % au seau. « Peu de génisses ont été traitées : 10 % contre les diarrhées et 6 % contre les troubles respiratoires. »
Un ressenti positif de la part des éleveurs
Des freins à travailler
La vaccination est peu pratiquée en élevage laitier. Les éleveurs qui ont participé à l’étude ont en partie changé d’avis sur cette technique, mais des freins demeurent : comment organiser la vaccination en pratique (calendrier, contention, temps de travail…) ? Quel est le rapport coût / bénéfice ? Le vaccin contre les gastro-entérites néonatales doit être reçu par la mère entre 3 mois et 3 semaines avant vêlage. Le vaccin contre les maladies respiratoires comporte deux injections distantes de 4 semaines. « L’effet de la vaccination est optimal quand elle est mise en place sur tout le troupeau de façon répétée. La vaccination systématique des mères gestantes pourrait être plus facile à organiser, correspondant à une routine de gestion de la reproduction », notent les responsables de l’étude. La question du prix d’achat des veaux reste posée. Une rémunération plus importante pourrait venir récompenser ces veaux plus robustes.