La distribution de minéraux n’a pas d’incidence prompte sur la performance animale. À fortiori sur la reproduction. Le complément minéral et vitaminé agit au long-cours.
Ce n’est pas parce que la vache a reçu une complémentation minérale très ajustée aux besoins du stade physiologique présent, par exemple quelques jours avant IA, que ses performances de reproduction seront meilleures. Par contre, c’est peut-être parce qu’elle a été carencée lors de la période de tarissement précédente que cette même vache présentera des problèmes 4 mois plus tard quand elle devra être inséminée. Cet exemple suffit à illustrer que la complémentation minérale et vitaminique ne se gère pas au jour le jour, mais bien sur l’ensemble d’un cycle, voire même sur l’ensemble d’une vie : une génisse carencée durant sa période de croissance pourra parfois exprimer des troubles de reproduction lorsqu’elle sera adulte.
Un animal plus apte à la reproduction
« Pour que la reproduction se passe bien, il faut surtout prévenir les carences – et éviter les excès – sur le cycle, et cela dès le début du tarissement », résume Guillaume Piton, responsable technique et R&D chez Vétagri, admettant que les minéraux ne sont évidemment pas le seul facteur interférant dans la reproduction animale. « Les minéraux, qui représentent 1 à 3 % des apports journaliers à l’auge, pèsent peu directement sur les performances quotidiennes », explique-t-il, avant de faire remarquer que les effets indirects peuvent par contre être conséquents. « Par exemple, les minéraux rendent l’animal plus résistant. Or, un animal en bonne santé est plus apte à la production et à la reproduction », cite-t-il. « Aussi, une complémentation minérale adaptée permet à l’animal de constituer des réserves, très utiles lors des périodes critiques d’élevage : transition, vêlage, mise à la reproduction, etc. »
Le spécialiste de la complémentation minérale et vitaminique distingue trois composantes majeures constitutives des besoins et ayant un impact sur les performances de reproduction :
1- Les macroéléments
« Notamment le phosphore qui agit sur la stimulation des démarrages des cycles. Il est donc capital de fournir des sources accessibles à l’animal », insiste-t-il en rappelant qu’un excès peut aussi nuire à la fertilité.
2- Les oligoéléments
« À l’exception du fer peu utilisé en ruminant, tous les oligoéléments ont un effet sur la reproduction », rappelle Guillaume Piton. « Et ce sont les carences plus que les excès qui ont un impact sur la fertilité ».
Dans cette catégorie de microéléments, on retrouve notamment le cuivre et le zinc, cofacteurs enzymatiques qui soutiennent les défenses de l’organisme et qui interviennent dans la synthèse des hormones de la reproduction. « Une carence sera par exemple associée à des chaleurs qui s’expriment mal ». Un déficit en manganèse se manifestera potentiellement quant à lui par des kystes ovariens, des chaleurs silencieuses, des avortements. L’iode, nécessaire à la synthèse d’hormone thyroïdienne, agit sur l’oestrus. « Mais en Bretagne, c’est difficile de parler de carence en iode ! » Enfin, le cobalt, constituant de la vitamine B 12, et le sélénium, qui a un rôle antioxydant, ont des effets sur la fertilité et le fonctionnement des ovaires.
3- Les vitamines
« Il faut bien veiller aux apports de vitamines A et E qui sont très importantes pour la fertilité. Et ne pas oublier, dans les calculs, la dégradation ruminale (pour la A) et le pourcentage de digestibilité intestinale pour la A et la E », résume Guillaume Piton.
Cibler les besoins réels
Le responsable R&D de Vétagri explique que sa société a développé depuis 4 ans un concept nommé « VETA’care » qui s’articule autour de deux axes : éviter les excès et prévenir les carences, en s’appuyant sur des sources biodisponibles. Car, faut-il rappeler cette évidence, tous les minéraux mis sur le marché ne se valent pas. « Chez Vétagri, nous préférons nous focaliser sur l’animal, en apportant juste ce dont il a besoin en fonction de ses stades ».
Ce concept « VETA’care » s’appuie sur les 4 lettres de « care » (« soins » en anglais). Avec le C de Connaissance qui permet de poser les bases en fonction des besoins réels de l’animal selon son stade.
Le A identifie « l’Apport de sources intelligentes ». Et Guillaume Piton de s’appuyer sur l’exemple des formes sous lesquelles sont présentés les oligoéléments : « Sont-ils sous forme de chélates, d’hydroxy, de sulfates, etc. ? Nous privilégions les formes les plus biodisponibles ». Le même raisonnement s’applique pour les vitamines : « Il ne suffit pas de dire que l’on utilise une vitamine rumino-protégée, mais de se poser la question de l’efficacité réelle de cette protection ».
Adapter au type de vache et au type de ration
Une fois les éléments de base choisis pour composer les minéraux. Ce spécialiste breton de minéraux préconise de raisonner (R de Care) les apports. « Sur le marché, on a trop vendu de minéraux standardisés (par exemple le célèbre 5-25-5) sans raisonner les objectifs terrain. Notre but est de fabriquer des produits adaptés au type de ruminant et au type de ration ».
Enfin, le fabricant fait également la chasse au gaspillage. « Nous nous engageons pour l’environnement : c’est le E de “care”. Car nous observons qu’il y a trop souvent une course à l’étiquette. C’est à savoir quel minéral contiendra le plus de ceci ou le plus de cela, notamment en vitamines ; alors même que l’animal n’en a pas besoin. Nous ne nous inscrivons pas dans cette course au toujours plus. D’une part parce que cela a un impact sur l’environnement et, d’autre part, sur le portefeuille de l’éleveur ».