Une bonne conduite de l’aire paillée est un compromis entre la maîtrise de la température qui grimpe en cas de surplus de paillage et la propreté des animaux liée à trop peu de litière.
Avoir une température d’aire paillée qui augmente trop peut amener à des problèmes sanitaires, notamment en vaches laitières avec le développement de mammites d’environnement. Amateurs d’air, de températures élevées (entre 37 et 40°C) et d’humidité, les germes responsables de ces pathologies vont plutôt apprécier les litières bien fournies en paille. Ils se développent aussi quand la litière s’accumule. Voici quelques repères qui peuvent aider à mieux gérer le couchage de ses animaux.
1. Quelle quantité et surface en vaches laitières ?
La surface par vache doit être cohérente, avec un minimum de 7 m2/VL ou 1 m2/1 000 L de lait produit en aire paillée. « Pour le 1er paillage après curage, on peut se baser sur un apport de paille de 2 à 2,4 kg/m2. Pour l’entretien journalier, on en mettra deux fois moins, soit 1 à 1,2 kg de paille/m2/jour », chiffre Jérémy Cerclet, conseiller Eilyps. « En logettes, il est recommandé d’avoir au minimum une logette/VL. 10 % en plus sont préconisés. » Une paille bien conservée au sec facilitera la réussite.
2. Comment savoir si la litière est suffisamment paillée ?
Pour savoir si la litière des vaches est convenablement paillée, regarder ses animaux une demi-journée ou une journée suite au paillage après curage est une première approche. Le couchage doit rester propre et sec. Après quelques jours d’utilisation, le thermomètre (par exemple à sonde de 15 cm) est un outil intéressant pour surveiller la litière, suivre son évolution et devancer ainsi des problèmes sanitaires tels qu’une montée en cellules, des mammites d’environnement ou la présence de germes butyriques dans le lait. « La mesure de la température à différents points, une fois par semaine, est préconisée, surtout en cas de bâtiment chargé, humide, mal ventilé ou en cas de problèmes sanitaires sur l’élevage. Si la mesure atteint 35 °C ou plus sur un des points, un curage rapide est à réaliser. »
3. Quels sont les autres points de vigilance ?
La qualité de la litière peut être préservée en lui réservant uniquement la fonction de couchage. Il est donc préférable que les abreuvoirs et les fourrages ne soient pas accessibles depuis celle-ci. Autres points qui peuvent s’avérer payants : une sortie de la salle de traite sur l’aire d’exercice, la condamnation de l’accès au couchage après la traite, des entrées et sorties de l’aire paillée raisonnées et une aire de circulation suffisante (3 à 5 m2 par vache). Le sol du bâtiment doit être drainant sans remontées d’eau. Au quotidien, le raclage des aires d’exercice et l’ébousage sont essentiels.
4. Comment économiser de la paille ?
Quand les stocks sont insuffisants et que le prix de la paille grimpe comme l’an passé, les éleveurs peuvent être contraints à moins pailler. « Des solutions simples comme le fait de laisser les animaux plus longtemps en pâture ou limiter le paillage des génisses peuvent être envisagées. Mais il faut faire très attention pour les vaches laitières ». Des produits comme la paille broyée, défibrée ou encore la sciure ou farine de paille peuvent être utilisés. « Ils vont garder les propriétés d’absorption tout en diminuant la quantité de paille utilisée. Cependant, ils correspondent peu au système fumier. »
5. Quelles sont les alternatives à la paille en système fumier ?
« En complément de la paille, des copeaux de bois (sec de plus de 4 mois et pas de résineux), de la sciure, de la poudre de chanvre, ou encore la dolomie du Poitou (sable) peuvent être utilisés. Des éleveurs ont par ailleurs essayé des cannes de maïs sous génisses l’an passé, mais ce type de litière n’est pas simple à gérer. Des litières avec du miscanthus sont aussi testées. Elles demandent un entretien hivernal pour aérer la litière (herse rotative, cultivateur…). »
6. Quels sont les produits qui aident à la maîtrise de la litière ?
Les asséchants renforcent le pouvoir d’absorption de l’humidité. En réduisant l’eau disponible, ils limitent le développement des germes. Les produits d’ensemencement de micro-organismes (bactéries, champignons, levures…) installent une flore bactérienne non pathogène qui réduit le développement des agents pathogènes.