Pluie : Sale temps pour les cultures

 - Illustration Pluie : Sale temps pour les cultures
Ce chantier de récolte d’ensilage a été abandonné. Le maïs sera valorisé en grain quand de meilleures conditions météorologiques seront de retour.
Impossible de récolter ses maïs dans de bonnes conditions ni d’implanter les céréales tant la pluviométrie est importante. La saison avance et les agriculteurs sont inquiets.

« Une pluviométrie record est enregistrée sur le bassin de Saint-Brieuc (22), avec 173 mm de pluie pour le mois d’octobre. Sur la Bretagne, des valeurs 1 fois et demie à 2 fois et demie par rapport à la normale sont constatées. Il pleut de manière quasiment continue depuis le 20 septembre », observe Jean-Marc Le Gallic, technicien pour Météo France. Les pluviomètres débordent, les cartes de précipitation se teintent de couleurs plus sombres, signes de records d’eau au m2. Brest (29) a connu 16 jours durant le mois d’octobre où plus de 5 mm de pluie sont tombés quotidiennement.

Des Landes de Lanvaux (56) aux Montagnes Noires, il a plu près de 250 mm en un mois. Sur la station météorologique de Lorient Lann-Bihoué (56) et entre le 20 septembre et le 5 novembre, il est tombé 313 mm d’eau, dépassant l’ancien record de 1960 (voir également les données des stations météo de Paysan Breton P.26). L’indice d’humidité des sols est au début novembre supérieur à 1. « Au-delà de cette valeur, les sols sont gorgés d’eau, il y a de l’écoulement », interprète le technicien.

Ces forts arrosages ont des conséquences catastrophiques pour les cultures et les pâtures ; les récoltes de maïs grain n’en finissent pas, elles étaient estimées à 42 % au 4 novembre sur la région Bretagne, selon l’observatoire de FranceAgriMer. L’an dernier et d’après ce même observatoire, tous les maïs étaient battus au début novembre.

Pour les collecteurs, octobre peut être qualifié de mois noir, toutes productions confondues. Chez Triskalia, Michel Le Friant estime au 8 novembre à « 25 % de maïs grain collecté. Il ne faut pas pour autant paniquer ». Si certains agriculteurs observent des germinations sur pied, le responsable se veut rassurant. « Certaines variétés ont des spathes qui tombent en fin de cycle au bout de l’épi, pouvant provoquer des débuts de germination. Fort heureusement, ce phénomène n’est localisé qu’à quelques endroits de la parcelle », observe-t-il.

Décalage dans les semis

Pour les parcelles enfin libérées de leur culture de maïs, le retour de bonnes conditions se fait plus qu’attendre pour les producteurs. Mais Thierry Rouxel, responsable production de semences chez Triskalia, admet que si les dates de semis sont plus tardives que la normale, il n’est pas trop tard. « Toutes les céréales peuvent être semées jusque fin novembre, mais les densités de semis sont à revoir ». Pour une culture habituellement implantée en octobre, l’objectif de 200 plants levés par m2 est à corriger, pour atteindre 240 plants en semis de novembre et 280 plants pour les implantations de décembre. « Augmenter la densité de plants levés par m2 compensera la période raccourcie avant montaison, ainsi qu’un tallage plus faible ».
Le responsable fait appel « au bon sens paysan pour ces semis. Encore plus cette année, l’utilisation de semences certifiées est à privilégier, elles affichent des taux de germination de plus de 90 % ». Les variétés ½ précoces ou ½ alternatives peuvent être semées jusqu’au mois de janvier.

Le plus dur est d’attendre

Chez les agriculteurs adeptes des techniques culturales simplifiées ou du semis direct, la consigne de semer plus tôt les céréales pour pouvoir bénéficier de levée rapide est de coutume… à l’exception de cette année. Jean-Philippe Turlin, conseiller à la Chambre d’agriculture, estime « qu’il ne faut encore rien semer, quelles que soient les techniques employées, sous peine de voir les graines pourrir en terre. Il faut être patient, on peut s’attendre à une période meilleure », espère-t-il. Des semis tardifs sont tout à fait réalisables. « J’ai pu observer des semis de décembre se comporter de façon satisfaisante. On s’écarte avec un semis tardif des risques de gel d’épi de printemps ».

Les semences de couvert restent dans les sacs

Une autre inquiétude concerne les semis de couverts végétaux. « Je vais ramener mes sacs de semence chez mon fournisseur », pouvait-on entendre de la part d’un producteur du Nord-Finistère. Si la réglementation impose l’implantation d’un couvert végétal après maïs au plus tard au 1er novembre, cette date butoir a largement été franchie. Les FDSEA du Finistère et des Côtes d’Armor ont déposé en fin de semaine dernière une demande de dérogation exceptionnelle sur ce sujet en préfecture. La réponse officielle de l’administration est toujours en attente.

Le trèfle étouffé par les graminées

Les vaches ont été rentrées à la mi-octobre, soit 15 jours en avance par rapport à l’année dernière. Ce retour précoce en bâtiment va forcément impacter les coûts alimentaires par la distribution de rations hivernales. La consommation de paille va aussi être supérieure. Pourtant, la pousse de l’herbe est tardive, mais les animaux ne peuvent plus rentrer dans les pâtures au risque de les marquer fortement. La quantité d’herbe à déprimer l’année prochaine sera importante : Le trèfle peut souffrir du manque de lumière car il est actuellement étouffé par la forte pression des graminées. Il ne faudra pas hésiter à ressortir les vaches dès que les conditions le permettront. Pierre Bescou, conseiller lait Chambre d’agriculture de Bretagne


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