Le travail sur le vêlage précoce était avant tout un choix économique. Il s’avère aussi positif sur la santé des Normandes qui sont moins grasses, vêlent plus facilement et gagnent en longévité.
Stéphane Hirrien s’est installé en décembre 2013 en reprenant l’exploitation familiale de Garlan (29). L’effectif était alors de 70 vaches en race Normande. « J’ai alors poursuivi le travail initié par mes parents pour obtenir des vêlages précoces. En 2013, nous étions à 27 – 28 mois d’âge au premier vêlage alors que la moyenne de la race est à 33 mois. J’ai cherché à l’abaisser encore pour pouvoir agrandir le troupeau et produire plus de lait rapidement sans avoir à acheter de génisses à l’extérieur. » Aujourd’hui l’éleveur conduit 110 laitières au total et l’âge moyen au premier vêlage, depuis 3 ans, est de 25 mois.
Les génisses au pâturage du printemps à l’automne
Les génisses sont alimentées avec du colostrum durant une semaine après la naissance. Puis elles reçoivent du lait yoghourt jusqu’au sevrage à 9 – 10 semaines. « Je commence l’apprentissage avec un bac à tétine individuel à partir du 2e jour. Elles passent en case collective extérieure dès que possible et y restent jusqu’à leurs 3 mois. Elles commencent alors à manger de l’aliment fermier composé d’orge et de tourteau de colza. Elles sont sevrées dès qu’elles ingèrent entre 2,5 et 3 kg d’aliment par jour. » Ensuite, les femelles sont élevées en bâtiment sur une aire paillée intégrale. Pendant l’hiver et vers l’âge de 5 mois, l’éleveur incorpore progressivement du maïs ensilage avec l’aliment fermier. Puis du printemps à l’automne, les futures laitières sont sorties au pâturage et reçoivent un complément de 1,5 kg d’aliment fermier par jour. « À partir de 6 – 7 mois, elles quittent le siège d’exploitation pour rejoindre des pâtures plus éloignées implantées en RGA + TB. A partir de là, elles n’ont plus d’aliment. »
[caption id= »attachment_43426″ align= »aligncenter » width= »720″] Les génisses sont en case collective jusqu’à l’âge de 3 mois, elles vont ensuite en bâtiment avant de rejoindre les pâtures vers 6 mois.[/caption]
Un coût d’élevage de 1 000 €
« Je cherche à conduire mes génisses à moindre coût en valorisant les fourrages de l’exploitation et en maximisant le pâturage. Mon coût d’élevage est de l’ordre de 1 000 € quand chez certains éleveurs ça monte facilement à 1 600 €. Mes vaches de réforme sont vendues plus cher que le coût de revient de mes génisses ce qui me donne un coût de renouvellement négatif. Pour y arriver, il ne faut pas faire d’erreur d’alimentation et faire pâturer aux jeunes femelles des prairies temporaires de très bonne qualité plutôt que des prairies permanentes. Chez moi, les prairies sont refaites tous les 4 ou 5 ans », décrit Stéphane Hirrien. L’éleveur estime que 60 % de l’alimentation de ses futures laitières est issue du pâturage ce qui lui permet d’atteindre un coût alimentaire par animal de 260 € jusqu’au moment du premier vêlage.
La mesure au garrot pour décider de la mise à la repro
Depuis son installation, Stéphane Hirrien utilise le ruban barymétrique pour décider du moment de la mise à la reproduction. « Je prends la mesure au garrot : l’objectif est 172 cm pour déclencher l’insémination artificielle. En moyenne, sur mon élevage, les génisses atteignent cette norme avant leurs 15 mois, elles pèsent alors autour de 400 kg. Pour certaines, ce sera à l’âge de 17 mois quand d’autres arrivent à l’objectif de 172 cm dès 13 mois. Les plus précoces vêlent à 21,5 mois ce qui prouve les fortes disparités. » Toutes les génisses sont inséminées puis échographiées par le vétérinaire ou l’inséminateur. Les confirmées gestantes sont envoyées sur un autre site pour laisser la priorité aux laitières pour le pâturage proche.
« J’ai tendance à remettre très tôt les vaches à la reproduction après le vêlage. Même si, à l’arrivée, j’utilise en moyenne 2 doses pour obtenir une gestation, l’intervalle vêlage – vêlage est de 390 jours ; à comparer à la moyenne de la race à 399 jours. » Ce travail sur l’abaissement de l’âge au premier vêlage est un choix économique avant tout pour envoyer les animaux plus rapidement à la reproduction ce qui influence positivement le coût alimentaire global de l’atelier. En maximisant le pâturage, l’éleveur limite aussi d’éventuels investissements dans des bâtiments en faisant avec l’existant. « Avec le vêlage précoce, je constate aussi que les génisses et les mamelles sont moins grasses ce qui contribue à faciliter les vêlages et à faire vieillir au maximum mes laitières. »