Bien formés, armés pour gouverner

 - Illustration Bien formés, armés pour gouverner
Adhérents à 8 coopératives bretonnes, 13 jeunes agriculteurs bretons s’apprêtent à terminer leur cycle de 20 jours de formation sur la prise de responsabilité.
Treize jeunes coopérateurs se forment aux techniques de communication, pour prendre confiance, maîtriser la prise de parole et vivre sereinement leur mandat d’élu en cours ou à venir…

Savéol, Evel’Up, Even, Porélia, Sica de Saint-Pol-de-Léon, Sodiaal, Triskalia, UCPT… Ils travaillent avec 8 coopératives différentes. Du Finistère, des Côtes d’Armor ou du Morbihan : ils sont 13 exploitants provenant de 3 départements bretons, dans différentes productions… Et pourtant, ils forment un groupe uni et soudé. Et, en ce jeudi 21 novembre, à l’aise dans leur tête et leurs baskets, ils simulent des jeux de rôles chacun leur tour endossant la casquette d’agriculteur, d’un vegan, d’un voisin membre d’un collectif anti-élevage… En quête d’arguments face aux critiques de leurs pratiques d’agriculteurs et de l’attitude à adopter, « en s’intéressant à son interlocuteur pour adopter son discours, tout en restant calme », insistent Solène Guillemet, éleveuse de porc à Moustoir Ac (56), et Quentin Hégarat, producteur de légumes plein champ à Paimpol (22), membres du groupe.

À l’issue de chaque sketch, les échanges sont nombreux, constructifs et on sent poindre une certaine complicité. Car ils ont appris à se connaître, se retrouvant régulièrement en séminaire de 2 jours depuis plus d’un an, après avoir accepté la sollicitation de leur coopérative pour rejoindre la 24e promotion de « Spot jeunes agriculteurs », une formation qu’ils ne connaissaient pas mais qui a déjà accueilli pas moins de 350 coopérateurs bretons. « Une étape formatrice qui a permis à bon nombre d’entre eux d’assumer des responsabilités professionnelles ou extra-professionnelles et de défendre l’agriculture sur le territoire », précise Romain Riou, éleveur de porc à Plounéventer (29).

Un vivier d’élus potentiels

« Spot », un nom quelque peu étrange faisant allusion à l’éclairage permis par la formation pour ces 20 jours de recul, de réflexion et de savoir-être. Vaste programme. « Nous nous formons à la communication, à la prise de parole », explique Julien Cloarec, producteur de légumes plein champ à Plougourvest (29). Pour prendre à terme des responsabilités et se préparer à faire partie d’un vivier d’élus potentiels dans leurs coopératives respectives. Mais pas seulement. « C’est aussi utile pour nos engagements privés : au niveau du conseil municipal, des associations sportives ou culturelles, des parents d’élèves… Autant d’occasions pour représenter notre métier autour de nous », explicite Arnaud Abgrall, éleveur laitier et producteur de pommes de terre à Lampaul-Guimiliau (29). À force d’exercices, les techniques s’acquièrent petit à petit. La timidité s’est envolée et le professionnalisme a pris sa place. « Nous avons réussi à homogénéiser les prestations des uns et des autres dans le groupe, à moins appréhender la prise de parole devant une caméra, à structurer nos interventions et à improviser… », décrivent Wilfried Le Gall, éleveur de porc à Plouvien (29), et Yves Le Roux, producteur de tomates à Milizac (29).

De la Bretagne à Bruxelles

« Ces techniques nous aident à être productifs en réunion : apprécier la personnalité des personnes en face de soi, leur manière de fonctionner. Cela aide à être plus agile, adopter sa position, trouver des consensus pour avancer », témoigne Damien Blanchard, éleveur laitier à Planguenoual (22). Les travaux de communication alternent avec des ateliers plus axés sur l’économie. Ils sont aussi allés à la rencontre de chefs d’entreprise agricole ou non, à la découverte du fonctionnement des structures environnant l’exploitation agricole, localement ou à Bruxelles prochainement, lieu de leur prochain séminaire dans quelques jours.

Créer des liens entre coopératives

Avec respect et écoute comme maître-mots, ils ont du plaisir à se retrouver à chaque session. « L’objectif est aussi de créer des liens entre futurs coopérateurs, et pourquoi pas travailler conjointement à terme, au-delà de nos concurrences actuelles », ajoute Pierre-Marie Droumaguet, éleveur laitier à Berhet (22). Entre les rires et les taquineries, pas de doute, chacun a trouvé sa place et les liens se sont formés. Ils invitent les jeunes agriculteurs à venir vivre cette expérience, unique et enrichissante. « C’est peut-être prenant, car nous sommes tous en phase d’installation, on peut avoir du mal à se libérer », mentionne Guillaume Coz, éleveur de porc au Drennec (29).

Avant que ses collègues Alexandre Le Guern, producteur de fraises à Plougastel (29) et Hubert Madec, éleveur en production laitière et viande bovine à Hanvec (29), ne précisent : « Mais, ces dates planifiées à l’avance nous obligent à nous organiser, se libérer du temps pour sortir de chez soi, même quand on est seul sur son exploitation. » L’ouverture à l’autre est le leitmotiv de cette promotion, à en croire les actions qu’ils souhaitent mener à terme et dont la prochaine date est déjà fixée : « La formation se terminera par notre passage au Salon de l’agriculture où nous irons à la rencontre du grand public présenter nos produits locaux », annonce Adeline Yon, éleveuse de Limousines à Trébry (22). 


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