Le 13 décembre, les délégués aux assemblées générales ont voté à l’unanimité en faveur du rapprochement de Triskalia et du groupe d’aucy. Ce vote historique donne le coup d’envoi pour la création d’Eureden au 1er janvier 2020. Cette journée fut aussi l’occasion de revenir sur le chemin déjà parcouru et de présenter les ambitions de ce nouveau Groupe agroalimentaire coopératif breton.
Le 13 décembre dernier se sont déroulées à Saint-Brieuc les assemblées générales respectives des coopératives Cecab et Triskalia qui ont entériné le rapprochement entre les deux Groupes. À l’issue de ces assemblées a eu lieu le lancement officiel d’Eureden, en présence de plus de 900 salariés, adhérents et partenaires.
Co-construction
Entre discours et tables rondes ponctués de retours en images, les présidents et directeurs généraux sont revenus sur le chemin parcouru depuis ces deux années de travail intense de réflexion et de co-construction. Serge Le Bartz, président du Groupe d’aucy, a tenu à remercier les administrateurs, les adhérents et les salariés pour leur implication dans ce projet collaboratif. Et Georges Galardon, président du groupe Triskalia, de poursuivre : « Avec le feu vert de l’Autorité de la Concurrence et le vote favorable des assemblées, il sera enfin possible dans quelques jours de commencer à construire notre réussite, travailler dans le détail des chiffres et développer des synergies qui nous paraissent aujourd’hui évidentes. »
[caption id= »attachment_43906″ align= »aligncenter » width= »720″] Les présidents ont rappelé l’objectif d’Eureden, “devenir un acteur agroalimentaire coopératif de référence”, en développant une agriculture compétitive et des filières agroalimentaires créatrices de valeur.[/caption]
Une ambition forte autour du bien-manger
Le nouveau Groupe coopératif Eureden réunira 20 000 agriculteurs-coopérateurs et 9 000 collaborateurs autour d’une ambition commune, « être le leader coopératif agroalimentaire breton du bien-manger ». Cette ambition s’articule autour de 4 axes :
- Le ‘Bien nourrir’, en élaborant des spécialités culinaires diversifiées, bonnes pour la santé, saines, avec une réelle qualité gustative,
- Le ‘Bien produire’, c’est-à-dire ‘Bien cultiver’ et ‘Bien élever’, le bien-être animal et l’impact environnemental de la production devant être au cœur de l’action d’Eureden,
- Le ‘Bien transformer’, en développant une approche écologique des processus de transformation, de transport et de commercialisation et en répondant aux attentes des consommateurs,
- Le ‘Bien vivre’, avec des produits qui marquent l’engagement sociétal du Groupe et assurent une juste rémunération de l’agriculteur.
Les présidents ont partagé avec l’assemblée la promesse d’Eureden « Bien nourrir les Hommes est la plus essentielle des missions dans le monde. C’est la nôtre et nous en sommes fiers ». Une belle façon de conclure cette journée émouvante qui restera gravée dans les mémoires et ouvre une nouvelle page de l’histoire de la coopération agricole bretonne.
[caption id= »attachment_43910″ align= »aligncenter » width= »720″] « Les conseils de sections permettent d’élargir le cercle au-delà des administrateurs, avec des élus qui ont une très bonne connaissance de leur production et de leur territoire », a témoigné Denis Le Moine, à droite, administrateur et agriculteur à Bréhand.[/caption]
Eureden, acteur de la transformation
Eureden n’est pas seulement l’addition de deux groupes coopératifs. C’est un profond projet de transformation. « L’objectif est de construire quelque chose qui n’existe pas, quelque chose de vraiment nouveau en rupture avec ce qui est fait jusqu’à présent en s’appuyant sur nos atouts et nos réussites respectives. Eureden se doit de proposer des choses nouvelles face à la triple accélération sociétale, technologique et climatique », ont indiqué les présidents Georges Galardon et Serge Le Bartz.
Accélération sociétale, car le consommateur citoyen réclame désormais de la transparence et du sens. Accélération technologique, avec le développement du digital et de l’intelligence artificielle qui bouleversent tous les métiers. Accélération climatique qui oblige à inventer une nouvelle agriculture plus économe en ressources. Pour Alain Perrin et Dominique Ciccone, directeurs généraux, « Eureden est la réponse collective de la Bretagne à ces accélérations. »
Un constat partagé par Dominique Chargé, président de Coop de France, qui a félicité les présidents « d’avoir eu le courage » de se lancer dans ce projet de rapprochement. « Les coopératives, héritées de nos parents, doivent accompagner les mutations afin de pouvoir être transmises à nos enfants. »
Les femmes et les hommes au cœur du projet
[caption id= »attachment_43908″ align= »alignright » width= »230″] Evelyne Kervadec, administratrice.[/caption]
À travers deux exemples concrets, l’élaboration des intentions stratégiques ou la réalisation de la charte de l’élu, Michel Bloc’h et Jean-Claude Orhan, administrateurs, ont illustré la façon dont les femmes et les hommes ont véritablement été acteurs du projet Eureden. « Nous sommes en train de construire un groupe coopératif très polyvalent, avec différents métiers. Il était normal que nous travaillions ensemble pour définir notre cap, production par production. » a témoigné Michel Bloc’h. « Ainsi, nous avons formalisé nos intentions stratégiques qui s’appuient sur deux axes : la compétitivité et la réponse aux attentes sociétales. »
La charte de l’élu, qui fixe les droits et les devoirs de chaque élu au sein de la coopérative, a également été élaborée de manière collaborative, comme l’a expliqué Jean-Claude Orhan : « Cette charte permet de définir l’engagement des élus qui consacrent une partie de leur temps à la coopérative. C’est un cadre de fonctionnement de la gouvernance. Nous l’avons élaborée au sein d’un groupe de travail composé de 8 administrateurs issus des deux coopératives. »
Enfin, Eureden n’oublie pas la place des femmes. Les présidents souhaitent qu’elles soient mieux représentées dans les instances de gouvernance. Un groupe de femmes agricultrices, chargées de s’emparer du sujet et de faire des propositions, sera créé. Pour Évelyne Kervadec, administratrice, les femmes ne doivent avoir aucun complexe. « Nous avons au moins autant de capacités que les hommes. C’est à nous, agricultrices, d’oser prendre les places en faisant valoir nos atouts.»
À l’écoute des attentes sociétales
[caption id= »attachment_43909″ align= »alignright » width= »237″] Pour Philippe André, administrateur, « le déploiement des techniques alternatives doit nous permettre de passer à la vitesse supérieure en termes de réduction des produits phytosanitaires. »[/caption]
« La RSE, c’est-à-dire notre responsabilité sociétale, sera l’un des axes majeurs de la stratégie d’Eureden », a déclaré Alain Perrin, directeur général du groupe d’aucy, en préambule, appuyé par Dominique Ciccone, directeur général du groupe Triskalia : « Notre statut d’acteur économique de référence nous confère une responsabilité très forte vis-à-vis de la société et une exigence d’exemplarité que nous entendons assumer.»
Eureden a construit son engagement RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) autour de 5 piliers :
- Placer les femmes et les hommes au cœur de notre engagement coopératif,
- Encourager une agriculture plurielle et durable,
- Développer une alimentation de qualité pour tous,
- Respecter la planète,
- Contribuer au développement des territoires.
À l’écoute des attentes sociétales, Eureden se met en ordre de marche pour apporter des réponses sur des questions comme le bien-être animal ou l’utilisation des produits phytosanitaires. « Nous avons conscience des enjeux et nous comprenons les attentes de la société. ll s’agit pour nous d’entrer pleinement dans une transition rapide mais raisonnable », a déclaré Georges Galardon, président.
Dany Rochefort, administrateur, voit aussi des opportunités dans la réponse aux attentes de la société, à condition de disposer du temps nécessaire aux transitions : « Être à l’écoute des consommateurs nous amène des contraintes mais aussi des opportunités avec de nouveaux marchés, de nouvelles productions. Mais nous avons besoin de temps pour y répondre. Et les cycles ne sont pas les mêmes pour tout le monde. En productions végétales, l’évolution peut être rapide. Le « pas de temps » est plus court, de l’ordre de 2 à 3 ans. En productions animales, le cycle de production et d’investissement, parfois 12 à 15 ans, est plus long. On ne peut pas tout changer du jour au lendemain. »
Ancrage territorial et rayonnement international
Depuis le lancement du projet, les présidents et directeurs généraux ont souvent rappelé que « le siège d’Eureden, c’est la Bretagne : en lieu et place d’un siège unique, nous avons décidé de privilégier l’efficacité et d’innover en lien avec notre organisation décentralisée. » Ainsi est née la Maison Commune, située à Quimperlé, fruit d’un travail de co-construction impliquant de nombreux collaborateurs. C’est un lieu de réunions, d’échanges et de partage, très éloigné d’un siège classique, permettant d’expérimenter de nouvelles formes d’organisation du travail, leviers majeurs de la transformation du groupe Eureden.
Du côté des adhérents, l’organisation d’Eureden repose sur des sections territoriales et des sections spécialisées par production. « Je sais que nous sommes attendus sur la question de la proximité. À travers notre organisation fondée sur les métiers et les territoires, nous encourageons les initiatives locales et donnons la parole à nos adhérents ! », a témoigné Philippe Courlan, administrateur. À cette organisation en sections s’ajoutent des commissions spécialisées (agrofourniture, nutrition animale, négoce) et des commissions transverses. Eureden, c’est un ancrage territorial revendiqué mais aussi un groupe ouvert sur le monde et en position de conquête. Face à la globalisation des marchés, des concurrents et des clients, l’internationalisation de ce nouveau groupe agroalimentaire coopératif doit permettre de créer de la valeur et de la croissance.