Au feu de la bûche de Noël le flexitarisme, le végétarisme et l’ascétique véganisme. En fumée, les esprits chagrins qui gâcheraient la fête en évoquant la complainte de la salade dévorée par un appétit de moineau. Dans quatre jours, victuailles et ripailles rimeront les tables pour le plus grand plaisir des papilles. Se repaître est réconfortant. Ogres devant l’éternel, les Allemands surnomment le repas de Noël : « le réveillon du ventre plein ». Au « repas maigre » de la veille succède le « repas gras ».
Héritage de fêtes païennes agricoles qui célébraient le retour de la lumière après le solstice d’hiver, la renaissance du jour est célébrée par l’abondance de nourriture depuis la nuit des temps. Les Romains sacrifiaient le bœuf ; les paysans bretons tuaient le cochon gras pour l’hiver. Le retour du « Soleil invaincu » promettait de prochaines récoltes généreuses et l’on pouvait sans crainte puiser dans le garde-manger à l’aube des blés qui pointent déjà dans les champs.
Aujourd’hui, manger est presque devenu péché. Autant les religions tolèrent bombance après pénitence, autant la société contemporaine qui brandit l’étendard libéral et libertaire se montre de plus en plus culpabilisante à l’égard de ceux qui font bonne chère. Pour quelques jours, fermons donc les volets pour se protéger de tous ces cris d’orfraie. À la chaleur d’une belle flamme de vie dans la cheminée, invitons à table, comme aux temps anciens, le cochon sacrifié au mois noir pour apporter la lumière des réjouissances au cœur de l’hiver. Cerise sur le gâteau, peut-être cette nuit de Noël, verrons-nous alors, comme le dit une légende tchèque, « l’adorable petit cochon d’or qui se promène dans les étoiles ». À moins qu’il ne soit tout simplement déjà en terre bretonne…