Climat : « Nous devons changer de trajectoire »

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Mardi 10 décembre, Louis Bodin a fait salle comble au Palais des Congrès de Brézillet à Saint-Brieuc.
Invité par Cerfrance Côtes d’Armor, le météorologue Louis Bodin est venu partager à Saint-Brieuc sa vision de scientifique et ses convictions personnelles sur les évolutions climatiques et leurs impacts.

Beaucoup affirment que l’impact de la météo n’a jamais été aussi fort. Louis Bodin s’inscrit en faux. L’histoire a toujours été balisée de catastrophes liées au climat. « En 1900, une sécheresse a fait 3,25 millions de morts en Inde. En 1925, une tornade a emporté 695 personnes aux États-Unis. Ou encore en 1931, une inondation a fait 4 millions de victimes en Chine…  », détaille le météorologue. « Ces évènements météorologiques étaient beaucoup plus meurtriers car on ne pouvait pas prévenir les populations. »

« Nous n’avons plus un rapport sain à la nature »

Même si la météo est une science « toute jeune », les progrès des prévisions et le développement d’outils de communication de plus en plus rapides permettent désormais de mieux s’adapter aux risques. « Pour autant, après 35 ans de pratique, je tiens à préciser qu’au-delà de 6 ou 7 jours, la fiabilité est très faible et une prévision n’a plus beaucoup de sens », confie le spécialiste. Ce dernier regrette notamment qu’aujourd’hui les hypothèses des scientifiques soient régulièrement prises de vitesse par les conclusions des médias…

« Nous voulons tellement tout faire vite et bien que nous n’avons plus un rapport sain à la nature. Nous n’acceptons plus les journées d’été sans soleil, les vacances à la montagne sans neige… » Il pointe ainsi l’hérésie d’exiger tous les ans de l’agriculture ou du tourisme les mêmes températures, rendements, choix de produits sur les marchés… « Attention à notre mémoire qui ne retient que nos émotions et nous joue des tours. » Louis Bodin cite par exemple le nombre de Noël blanc, c’est-à-dire présentant une couche de neige entre le 24 et le 26 décembre, depuis 1950 : « Seulement 15 à Nancy (57), 8 à Clermont-Ferrand (63), 3 à Caen (14) ou à Paris (75) et 2 à Angers (49). »

« 200 000 personnes supplémentaires sur Terre par jour »

Faisant écho aux rapporteurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le météorologue explique qu’il y a toujours eu d’importantes variations climatiques. « Pour autant, il n’y a pas de doute, on constate une accélération du réchauffement depuis les années 80. Cela s’explique par une évolution naturelle combinée à l’influence de notre activité humaine. » Louis Bodin considère que l’homme a abîmé sa planète « au-delà du raisonnable ».

S’il se réjouit que le sujet de la biodiversité soit enfin sur la table, il estime urgent de poser aussi la question de la démographie mondiale qui renvoie à la fois à la pollution générée et l’augmentation du nombre de réfugiés climatiques demain. « Il y a 200 000 personnes supplémentaires sur Terre par jour. À ce rythme, un futur centenaire qui naît aujourd’hui verra la population mondiale tripler au cours de sa vie. » Et de conclure : « Concernant le climat, à l’échelle locale comme mondiale, nous avons le devoir de changer de trajectoire. Cela commence par la sobriété dans nos façons de faire, de consommer. » 


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