Déjà connu dans les pays germaniques, le lait de foin se développe aujourd’hui en France. Bénéficiant de la mention « spécialité traditionnelle garantie », il répond à la fois aux attentes des transformateurs et des consommateurs. Témoignage d’un Gaec morbihannais engagé dans la démarche.
Du lait de foin… Petra zo ? Pas d’inquiétude ! S’il est possible de fabriquer une boisson que d’aucuns baptisent « lait de soja » à partir de graines trempées, mélangées à de l’eau puis cuites, le lait de foin est bien, lui, un véritable produit lacté. Et tout ce qu’il y a de plus naturel. La « recette », très en vogue à l’époque de nos grands-parents, consiste simplement à nourrir les vaches à partir d’herbe ou de foin, sans recourir aux aliments fermentés, ni aux OGM. Avec, au final, un lait possédant un meilleur ratio oméga 3 et oméga 6. Et aussi, une reconnaissance officielle : « La spécialité traditionnelle garantie ou STG ».
[caption id= »attachment_43569″ align= »aligncenter » width= »720″] Le nouveau bâtiment, financé avec le concours du Crédit Mutuel de Bretagne, a été inauguré, en avril dernier, en présence de Didier Le Hec, président de l’association Lait de foin, ainsi que d’Olivier Allain et Pierre Pouliquen, vice-présidents de la Région.[/caption]
L’atout de l’herbe
Parmi les premiers producteurs de lait de foin certifiés, figure le Gaec morbihannais Avel ar vro (le vent du pays), des frères Erwan, Morgan et Goulven Le Cras. « Cet agrément, c’est un barreau de plus sur l’échelle de la qualité », soulignent les trois hommes. Et une suite logique de la démarche de conversion à l’agriculture biologique entamée par leurs parents en 1999, sur l’exploitation familiale de Langonnet. « Quand je me suis installé en 2006, explique Erwan, nous avons cherché à mieux valoriser notre système herbager, afin de gagner en autonomie et de réduire nos coûts alimentaires ». La réflexion débouche alors sur un séchoir en grange composé de trois cellules et d’un toit solaire de 750 m² pour le réchauffement de l’air. Suite à l’arrivée de Morgan, en 2010, l’installation de traite est à son tour modernisée. Puis, lorsque Goulven rejoint ses deux aînés, en 2016, c’est la question même de l’orientation de l’exploitation qui est posée. « Fallait-il ou non continuer le lait ? Quel confort pour les animaux, quelle qualité de vie pour nous ? » De ces discussions, émerge une conviction : « Nous sommes ici, dans le Kreiz Breizh, au cœur d’une région faite pour l’herbe ». Alors, autant jouer cet atout à fond !
[caption id= »attachment_43571″ align= »aligncenter » width= »720″] La nouvelle stabulation a permis d’améliorer le confort de travail.[/caption]
Vers une meilleure valorisation
Une nouvelle stabulation sur aire paillée de 114 places a ainsi vu le jour en début d’année. Un bâtiment clair, spacieux et fonctionnel où la présence du bois contribue à la sensation de bien-être. Tout est désormais réuni pour produire un lait de qualité dans les meilleures conditions possible. Un lait de foin dont les transformateurs apprécient tout particulièrement les propriétés. Et que la certification devrait, à terme, contribuer à mieux valoriser. Le vent du pays n’a pas fini de souffler sa bonne odeur de foin !
Des bonnes pratiques certifiées
Décollage en perspective J’ai arrêté l’ensilage sur mon exploitation en 2001, dans le sillage de la création du Segrafo que j’ai présidé durant 7 ans. À l’époque, nous étions perçus un peu comme des marginaux, cette association nous permettait de nous retrouver, d’échanger sur nos pratiques et de promouvoir le séchage du foin en grange. Tous les deux ans, nous avons pour habitude d’effectuer des voyages d’études. En 2013, nous nous sommes rendus en Autriche où le lait de foin était en train d’émerger. Cela nous a interpellés, un second voyage a été organisé en 2015. L’année suivante, nous avons constitué un groupe de réflexion puis créé l’association Lait de foin. En mai 2018, la mention STG (spécialité traditionnelle garantie) lait de foin a été validée par l’Inao. Pour nous, cela a été une vraie reconnaissance de la qualité de nos produits et du travail accompli au fil des années. Les premières certifications ont été décernées début 2019. Aujourd’hui, nous sommes 75 producteurs français de lait de foin, avec une bonne représentation sur le Grand Ouest. Beaucoup d’autres sont déjà dans les starting-blocks et je suis convaincu que cela va décoller !Vincent Mellet, producteur laitier à Piré-sur-Seiche (35), trésorier de l’association Lait de foin, administrateur de la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole.
Jean-Yves Nicolas