Pour limiter les attaques de taupin sur maïs, des essais montrent que l’utilisation d’appâts est une solution de substitution qui fonctionne.
Le retrait des traitements de semences à base de néonicotinoïdes oblige à repenser les moyens de lutte contre les taupins. Si des solutions chimiques sont encore disponibles sur le marché, Arvalis-Institut du végétal a mis en place un essai sur une alternative naturelle pour lutter contre ce ravageur. L’idée est de semer, la semaine qui précède l’implantation du maïs, d’autres espèces végétales, dont le rôle est d’attirer le taupin afin de le détourner des jeunes plantules de la culture. Dans un essai à Moréac (56), 60 kg de blé et 60 kg de maïs ont été incorporés dans le sol entre 0 et 10 cm de profondeur pour servir d’appât aux larves de taupins. « La parcelle témoin (sans appât) a été attaquée à hauteur de 35 %. Les îlots de l’essai avec leurre ont été touchés par les ravageurs seulement à hauteur de 9 % », chiffre Éric Masson, ingénieur chez Arvalis. Les plantes pièges fonctionnent et laissent le temps au maïs de développer son système foliaire et ses racines pendant que les leurres se font grignoter.
Choisir son espèce
Sur un autre protocole d’essai, un blé incorporé à raison de 120 kg / ha avant semis du maïs limite l’attaque à 14 %. « L’avoine fait mieux, mais est plus difficile à détruire par la suite », prévient Éric Masson. L’orge tire son épingle du jeu, avec 8 % de pieds de maïs touchés par les taupins. Cette céréale donne de meilleurs résultats en comparaison au blé, peut-être grâce à des composés organiques volatils émis par les racines et qui attirent le ravageur.
Ces appâts ne doivent en aucun cas venir concurrencer la culture. Le désherbage doit intervenir tôt, « il ne faut pas attendre le stade 4 feuilles du maïs ». Sur l’essai mené, le maïs enrichi en appâts de blé aura produit 13 tonnes de matière sèche à l’hectare. À titre de comparaison, un maïs protégé par un micro-granulé (Karaté 0.4 GR) a donné 14,8 t MS/ha. « Cette légère perte de rendement n’est pas liée à la concurrence du leurre, mais uniquement du fait d’attaques supérieures », interprète l’expert régional. Le semis de l’appât doit être positionné au plus près de l’implantation du maïs. Les essais montrent une efficacité moindre quand l’appât est semé 10 jours avant le maïs, les recommandations précisent de semer les plantes pièges entre 7 jours avant le semis et le jour du semis de la culture.
[caption id= »attachment_43762″ align= »aligncenter » width= »720″] Les taupins sont fortement nuisibles à la culture de maïs. Dans un essai mené par Arvalis, le maïs témoin non protégé contre ce ravageur a été attaqué à hauteur de 35 %. (crédit photo : Arvalis)[/caption]
Adapté au désherbage mécanique
Dans les Landes (40), l’étude d’un semis d’appâts composé d’un mélange de blé et de maïs en 2 lignes distantes de 20 cm de la ligne de semis du maïs a donné de bons résultats, avec 14 % d’attaques, contre 17 % pour un maïs protégé par l’insecticide du sol Belem. Sur le témoin et dans cette zone à forte population de taupins, 70 % des maïs témoins (sans protection chimique et sans appâts) ont été attaqués. Ce positionnement de leurres est parfaitement adapté à des techniques de désherbage mécanique, la ligne de semis n’étant pas garnie d’appâts. « C’est une technique à apprivoiser, qui peut intéresser les producteurs conventionnels comme biologiques ».
Un effet indirect de l’utilisation de leurres a aussi été observé durant cet essai : « Il se passe quelque chose vis-à-vis des oiseaux », note Éric Masson. Les corvidés ont peut-être plus de mal à reconnaître les lignes de maïs dans un environnement végétal brouillé. Arvalis continue ses protocoles d’essais pour lutter contre les taupins, en observant l’effet de champignons entomopathogènes, ou encore l’utilisation de toxines sécrétées par des bactéries ou des granulés de crucifères, mais leur coût d’utilisation est, pour l’instant, rédhibitoire.
Des solutions contre les sangliers
Faire fuir les oiseaux
Si les néonicotinoïdes avaient pour cible les taupins, mais sans pour autant réduire les populations, le fait d’utiliser des traitements de semences détournait les oiseaux des champs. « Dès qu’il y a un insecticide sur une graine, il y a moins d’attaques de corvidés », fait observer Michel Moquet, ingénieur chez Arvalis. Certains agriculteurs très fortement touchés par les attaques de choucas de la région de Quimperlé (29) ont pu vérifier un effet répulsif non négligeable du Force 20 CS sur ces corvidés.