Dans un élevage breton de 450 truies, la combinaison de différentes stratégies préventives a résolu les problèmes de diarrhées des jeunes porcelets. Gwenaël Boulbria, vétérinaire, justifie le protocole adopté.
Les premières diarrhées sont apparues fin 2016 entre 2 et 4 jours après la naissance, avec pour conséquence des dépérissements et de la mortalité ». Gwenaël Boulbria, intervenant au forum Ceva sur la qualité sanitaire du porcelet, décide alors d’envoyer des porcelets malades à analyser. « Nous avons isolé en abondance la bactérie Clostridium. Les lésions histologiques* confirmaient sa présence chez les porcelets. Des gènes codant les toxines alpha et béta2 ont ensuite été mises en évidence ». L’éleveur, sur les conseils de son vétérinaire, a décidé de mettre en place la vaccination Clostriporc A. Un second vaccin, car le troupeau était déjà vacciné contre le Clostridium perfringens de type C. « Les cochettes avaient une primo-vaccination en gestation avec un vaccin contre E. Coli et Clostridium C et un rappel était effectué à chaque bande lors des gestations suivantes ». La combinaison des deux vaccins porte ses fruits : les diarrhées néonatales disparaissent. Malheureusement, l’accalmie n’est pas durable.
Nouvel épisode de diarrhée
Quelques mois plus tard, des diarrhées néonatales apparaissent de nouveau. Elles se traduisent par une baisse des performances zootechniques, avec + 5 % de pertes sur nés vifs, – 0,5 sevré par portée et – 250 g de poids de sevrage. Les premiers constats sur l’état du troupeau de truies sont pourtant satisfaisants : la consommation d’aliment est normale, les constipations et les congestions mammaires sont inexistantes, le démarrage en lactation est bon. Les porcelets sont vigoureux à la naissance ; le taux de mort-nés est inférieur à 4 %. L’éleveur réalise des tétées alternées pendant les 24 premières heures. Les canalisations d’eau sont purgées au moment du vide sanitaire et désinfectées tous les 3-4 mois.
Un trio de malfaiteurs impliqués
Deux porcelets en diarrhée sont envoyés au laboratoire. Les examens bactériologiques, histologiques et parasitaires révèlent l’implication de 3 pathogènes : l’Enterococcus hirae, les coccidies et un virus. Gwenaël Boulbria et l’éleveur mettent alors en œuvre plusieurs actions préventives, tout en conservant les vaccinations déjà en place. Le vétérinaire recommande de distribuer deux bouillies anglaises (fraîche et fermentée) aux bandes de truies gestantes. Les porcelets atteints de diarrhées sont soignés au florfénicol (injection) et réhydratés. La coccidiose est désormais prévenue par l’apport de toltrazuril oral et depuis peu, injectable (Forceris). Le protocole de désinfection est renforcé en maternité et en post-sevrage avec deux applications d’un produit adapté (Kenocox).
14 sevrés
L’ensemble de ces mesures a eu des répercussions favorables sur l’élevage. « Le taux de pertes sur nés vivants est actuellement de 11%. Le nombre de sevrés oscille autour de 14 porcelets par portée, à un poids moyen de 7,9 kg. Ce poids a augmenté depuis la mise en place du protocole de gestion de la coccidiose ». L’amélioration de l’état sanitaire des porcelets a un impact important en terme économique sur l’élevage. Ce cas illustre bien la complexité de la problématique diarrhées néonatales. Un diagnostic de qualité est indispensable et pour une disparition durable, il faut agir préventivement vis-à-vis de tous les pathogènes suspectés.
Bernard L aurent
*lésions observées au microscope sur les tissus intestinaux