Redonner sa place au pâturage

 - Illustration Redonner sa place au pâturage
Le boviduc a permis de passer de 19 à 31 ha de surface accessible au pâturage.
Il y a un an, Bernard Le Du a décidé de développer davantage le pâturage sur sa ferme laitière. Accompagné par un cabinet spécialisé, il tire un bilan positif de cette première campagne herbagère.

« Auparavant, je favorisais l’auge plutôt que l’herbe pâturée directement », résume Bernard Le Du, éleveur laitier à Plogonnec (29). Celui-ci s’appuyait sur une alimentation avec une part importante de fourrages conservés (ensilages de maïs et d’herbe, fauches). « À la prairie, je fonctionnais en paddock 3 – 4 jours. Le problème ? Mon chargement était trop élevé et je manquais de connaissances et de repères. Par conséquent, je surpâturais presque tout le temps ce qui dégradait rapidement mes prairies. » Le trèfle était peu présent et nanifié, il y avait de la matière morte et des refus, de l’agrostis apparaissait en 4 ou 5 ans… « Pourtant, le pâturage m’a toujours intéressé mais j’ai toujours été bridé psychologiquement quant au potentiel de l’herbe et à sa rentabilité », confie-t-il sans fard.

Un groupe d’éleveurs dédié au pâturage

L’automne dernier, une porte ouverte sur le pâturage de précision chez un voisin va servir de déclic. « J’ai pris conscience de l’impact de cette pratique sur le fonctionnement des plantes. Cela m’a motivé pour me lancer à fond dans un projet herbager », raconte le Finistérien avant d’avouer s’être fait tout de même « peur pour franchir ce cap ». Pour se rassurer, il a choisi dès le départ de prendre part à un groupe d’éleveurs dédié au pâturage et de se faire accompagner individuellement par le cabinet PâtureSens. « Cela m’a beaucoup rassuré au cours de la saison quand je m’inquiétais. » Une fois sa décision arrêtée, le Finistérien a remis à plat la gestion globale de ses prairies et installé un boviduc, passant de 19 à 31 ha de surface accessible aux vaches. « L’investissement peut freiner, (35 000 € dont 35 % de subvention du Département), mais quand on sait combien le pâturage peut réduire le coût de production, le calcul est vite fait. »

EBE stable

Rapidement, Bernard Le Du s’est pris au jeu. « Le simple fait de gagner en accessibilité et d’avoir une pratique de pâturage bien organisé m’ont permis dès le départ de bien gérer le déprimage, de mieux adapter les temps de retour sur les paddocks, bref, de mieux valoriser le potentiel herbager de mes surfaces. » Le producteur de lait n’a pas hésité à intervenir plusieurs fois en topping (ou fauche-broute) pour s’assurer de conserver une herbe de qualité. À l’arrivée, il s’avoue même un peu surpris d’avoir produit du lait au pâturage d’avril à septembre en valorisant plus de 10 t de matière sèche à l’hectare. « Certes, la production laitière par vache a baissé de 6 500 à 6 000 kg par an, mais parallèlement mon coût alimentaire a diminué de 85 € à 62 € / 1 000 L. Et l’EBE est resté identique même en livrant 40 000 L de moins. »

Le trèfle fait son retour

Il y a un an, Bernard Le Du se rappelle qu’il voulait retourner une partie de ses prairies jugées « moches » proches de la ferme. Mais aujourd’hui, après une seule saison de gestion herbagère rigoureuse, il ne les reconnaît plus : « Le trèfle revient et redonne de l’appétence à mes graminées. Les ray-grass, plus vigoureux et poussants, reprennent le dessus sur l’agrostis. Sur la campagne, j’ai réalisé bien plus de 50 t de stock et sécurisé mon autonomie azotée, réduisant au passage de 2 800 € ma facture de correcteur. » Et de conclure : « C’est dur à croire mais le simple fait de bien gérer l’herbe, d’autant plus grâce au boviduc, m’a redonné goût au métier. J’analyse mes choix, je suis moins la tête dans le guidon et je m’éclate. Comme quoi, un simple investissement au départ m’amène aujourd’hui à revoir totalement mes perspectives vis-à-vis de la ferme. »

Quatre rendez-vous pour se former

Le cabinet PâtureSens propose plusieurs formations (hors cadre Vivéa). « Pâturage de précision perfectionnement », jeudi 12 décembre à Plouédern (29) ou vendredi 13 à Scaër (29). Demi-journée « clôture », lundi 16 décembre à Scaër et mardi 17 à Plélan-le-Grand. Plus d’informations : Marie Godard au 06 44 13 24 14 ou marie@paturesens.com


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