Le chantier est si colossal que l’esprit humain ne réussit pas à imaginer l’ampleur de la transformation que va lui imposer la nature. Et pourtant. Pour rattraper l’inaction du passé et tenter de contenir les températures du globe à un niveau soutenable, l’humanité doit se mettre au régime énergétique. Les rejets de gaz à effet de serre doivent baisser de 7,6 % par an pendant 10 ans pour renouer avec la trajectoire de + 1,5 °C. Et pas question de remettre à plus tard, insiste l’Onu. La sobriété commence dans 18 jours. Le 1er janvier 2020.
Les lecteurs bons en math calculeront qu’il faut en fait diminuer son impact énergétique individuel et collectif de 54,38 % en 10 ans. C’est-à-dire, qu’à périmètre énergétique constant, une voiture sur deux ne devrait plus circuler, que la consommation de carburant dans les fermes devrait aussi épouser la même courbe. Sans compter une utilisation de béton, d’engrais, etc., réduite d’autant. Sans oublier l’impact sur les effectifs d’animaux d’élevage et la façon de les élever. En 2050, la consommation mondiale d’énergie émettrice de gaz à effet de serre doit en fait retomber au niveau des années 1950. C’est en substance ce qu’il faut comprendre. Sauf à trouver une énergie de substitution propre, de sa fabrication à son usage. Pour l’instant rien de flagrant n’existe.
Quand on mesure le comportement cupide de l’automobiliste lors de la dernière pseudo-pénurie de carburant, la partie n’est pas gagnée. Et pourtant que deviendra le record de 40 °C de l’été dernier dans le bassin rennais au rythme actuel qui nous conduit tout droit à une élévation des températures moyennes de 3,4 à 3,9 °C d’ici la fin du siècle ? Le système agricole breton ne résistera pas. Ni le reste d’ailleurs. Un changement de civilisation semble incontournable.