À Saint-Brice-en-Coglès (35), Pascal et Jean-François Pommereul ont opté pour le croisement de races dès 2003. Ils apprécient les qualités fonctionnelles de leurs animaux bigarrés.
Dans les années 90, chez Pascal et Jean-François Pommereul, le niveau d’étable se situait à 10 000 kg de lait par vache. Un système productif s’accompagnant de quelques problèmes de fécondité, de mammites ou de retournements de caillettes, se rappellent les deux frères. « À l’époque, nous n’analysions pas encore l’exigence réclamée au quotidien comme une pression psychologique. »
Démarrage à tâtons
Quelques années plus tard, des échos venus des États-Unis font état de vaches « qui tombent comme des mouches » incapables d’enchaîner les lactations et des premières expériences de croisement pour y remédier en s’appuyant sur la vigueur hybride. « Nous nous sommes alors lancés, à l’aveugle car il n’y avait aucune
référence publiée. » Voulant conserver une approche intensive, les Prim’Holstein sont peu à peu inséminées avec de la Brune et de la Montbéliarde. Avant d’opter, dès 2010 et la sortie des premiers résultats d’études américaines, pour le programme Procross. Un schéma trois voies où les génétiques Holstein, Montbéliarde et Viking Red se succèdent, génération après génération. « Désormais, je privilégie ce protocole pour me simplifier la vie. Cela me donne un cap clair en gardant une approche productiviste. »
Les doses de 12 taureaux pour la campagne
Avec l’inséminateur, l’éleveur choisit 5 taureaux Prim’Holstein, 5 Montbéliards et 2 Rouges pour la saison. « 12 mâles assez homogènes. » Et de poursuivre : « Ce n’est pas parce qu’on croise qu’il faut tout lâcher côté sélection. Nous continuons à choisir les meilleurs taureaux pour obtenir les meilleurs croisements », explique Pascal Pommereul. Ses critères de choix sont restés les mêmes qu’auparavant : « Du lait pour conserver du potentiel de production, des mamelles de qualité et de bons membres pour durer, des index taux positifs… Je regarde moins les autres critères. » Pour lui, inutile d’essayer de convertir les index entre races. Il recommande simplement de choisir les semences de mâles « dans le tiers supérieur du catalogue de chaque race ». Pour le reste, il considère que tous les schémas de sélection ont, de toute manière, beaucoup travaillé sur les mamelles pour répondre au développement de la traite robotisée et sur la solidité des membres pour s’adapter aussi bien aux systèmes très pâturants qu’à ceux en bâtiment.
5 000 heures de travail pour 2 UTH
Le troupeau est aussi hétérogène en termes de robes que de gabarits. « Mais ne vous y fiez pas. Certaines petites vaches rouges transforment très bien leur alimentation et produisent plus de 9 000 kg », raconte l’éleveur, campé au milieu de son cheptel. « Et puis, nous ne visons plus la performance laitière pure, mais un équilibre entre temps de travail, pression mentale et efficacité économique. » Les deux associés apprécient, par exemple, la vigueur des veaux à la naissance, la facilité et la rapidité de vêlage et la rusticité des vaches croisées dans un système où la ration n’est pas forcément calée au gramme près. « Ce sont des animaux faciles à vivre en somme. » Avant de conclure un œil sur le bilan : « Depuis que nous croisons, l’EBE progresse. » Aujourd’hui, il se situe autour de 200 € / 1 000 L, alors que la stabulation de 1996 est remboursée et le coût de la mécanisation est limité par le recours à la prestation de services pour de nombreux chantiers. Les associés estiment sortir un revenu horaire « convenable » en travaillant 5 000 heures pour 2 UTH et par an.