C’est, en résumé, le message de Frédéric Thomas, de l’association Base, qui s’adressait à des agriculteurs début janvier dans une parcelle d’essais de couverts végétaux, à Neuillac.
« La qualité d’un troupeau de vaches se voit à l’œil ; celle du sol est plus difficile à appréhender. Le sol fonctionne comme une panse de vache, il dépend de l’activité microbienne ». L’agronome insistait sur l’importance de couvrir les sols par un volume conséquent de biomasse. « Les systèmes blé-maïs ensilage, répandus dans le secteur, laissent peu de matière organique au sol. En plus, les agriculteurs apportent une bonne quantité de fumier au printemps. Les apports se font par à-coups, trop par moment, pas assez à d’autres ».
Fumier à l’automne
Le maïs grain laisse un peu de biomasse après récolte. Les pailles, si elles ne sont pas récoltées aussi, mais « on ne fait pas de lait avec de la paille ; pour l’activité du sol ce n’est pas non plus l’idéal ». D’où l’importance des couverts denses entre cultures, à chaque fois que la période le permet. « On ne peut améliorer la qualité du sol que sur plusieurs années ». Il préconise d’épandre les fumiers à l’automne sur des couverts bien développés. « Le sol porte mieux qu’au mois de mars, surtout cette année si la pluviométrie perdure. Il faut intégrer ce facteur de risque de compactage ». Une condition toutefois, que le couvert ait été semé tôt. « La pousse est fonction de l’énergie solaire, un jour d’août vaut 3 jours de septembre et 5 jours d’octobre ». Pendant l’hiver, l’activité biologique dégrade la matière et prépare le terrain pour la culture suivante, notamment en technique de semis simplifié.
Rééquilibre
Un bon couvert de mélange de différentes espèces permet de rééquilibrer la richesse du sol sur l’ensemble d’une parcelle. « Les crucifères vont pousser là où il y a beaucoup de reliquat azoté ; les légumineuses se développeront là où il y en a moins. Au final, au moment de la destruction du couvert, le sol sera plus homogène. Un apport de fumier ne permet pas ce rééquilibre. Les nouvelles technologies peuvent le faire en modulant les apports mais le bon sens, sans investissement, permet d’atteindre un résultat satisfaisant ».