Le Gaec Demeuré a testé des films répulsifs aux corvidés pour protéger son stock de fourrage enrubanné.
Les choucas des tours font des dégâts sur les plastiques des fourrages conservés. Bruno Demeuré, du Gaec Demeuré au Cloître-Pleyben (29), en a fait les frais. En 2018, sur une coupe d’enrubannage, 90 % de ses 40 bottes se sont retrouvées percées, voire littéralement lacérées. Un vrai carnage. « On a beau reboucher au scotch, il reste toujours des micro-trous… », déplore-t-il. Des perforations impliquant des pertes de fourrage durant la campagne, dues à une mauvaise conservation de cette marchandise de valeur à près de 1 UFL, d’après les dernières analyses réalisées dans l’exploitation de 85 laitières à plus de 7 000 kg de lait par an.
Cibler les parcelles à risque
« Après des recherches, j’ai trouvé qu’un produit anti-corvidés existait. Je l’ai donc essayé sur deux parcelles, dont celle attaquée l’année précédente. J’ai acheté 5 bobines de film », explique l’éleveur. Sur mes bottes en plastique conventionnel, 21 bottes sur 23 étaient percées. Avec le nouveau plastique Agrirepel, seules 3 bottes sur 100 étaient attaquées, « avec des petits trous ». Et si d’habitude, les bottes ne sont laissées au champ que 24 à 36 heures, ici elles sont restées en test sur la parcelle 5 jours… « Le produit semble donc efficace, même s’il n’est pas garanti à 100 %. Les animaux tentent quand même, mais beaucoup moins… »
Un surcoût de 2 €/botte
Reste un inconvénient : le prix, avec un surcoût de 2 €/botte, lié à « l’ajout d’un additif naturel (composé notamment d’huiles essentielles) intégré dans la couche externe du film, rappelant par exemple l’odeur de l’urine d’un prédateur, avec un spectre assez large visant les volatiles et les rongeurs, jouant un effet répulsif sur ces animaux », précise Vincent Daniele, de la société Interfol. Le produit a été testé pour l’enrubannage et pour les stockages en boudins, contre les rongeurs. Depuis cet automne, il est enregistré auprès de l’Union européenne en tant que répulsif efficace et non toxique, pouvant donc être utilisé notamment en agriculture biologique.
« Ce surcoût est néanmoins amorti si je compte mon temps de travail : 5 à 10 minutes de réparation par botte sur 21 bottes : cela double mon temps de travail de ramassage de bottes dans les parcelles ! Et je ne compte pas les dégâts causés par les micro-trous qui induiront des pertes de fourrage à l’ouverture de la botte… », analyse l’éleveur. Pertes que l’on peut en effet chiffrer à 5 € minimum en valeur fourragère sur de l’herbe et jusqu’à 40 € et plus sur des bottes avec des valeurs protéiques importantes, détaille Interfol.
6 couches de film
Avec un système herbager basé sur l’herbe, « je mise sur la qualité et la sécurité de mon stock fourrager. L’enrubannage, c’est le fourrage de l’hiver ». Les vaches reçoivent actuellement 2,2 t d’enrubannage et 1,5 t de maïs ensilage. Pour constituer ce stock d’enrubannage, le Gaec est autonome au niveau matériel pour la gestion de l’herbe de A à Z. Et avec 6 couches de film de 25 µ, Bruno Demeuré mise sur la qualité : « Je préfère mettre plus de couches, car avec la presse enrubanneuse, on dépose la botte au champ. Pour protéger cette botte, et pour la pérennité de mes pâtures, je ne coupe pas l’herbe au-dessous de 6-7 cm. Et je veille à faucher toutes les 4 semaines. » Une technique qui, en dehors de la première année d’exploitation, lui permet aussi de ne pas ramener trop de cailloux. L’herbe est juste andainée et pressée. Le fanage n’est réalisé que pour les premières coupes.