Les projets d’éducation artistique et culturelle (EAC) sont une force de l’enseignement agricole. Kernilien accueille actuellement une compagnie de circassiens.
« Notre recherche actuelle traite de l’évolution du monde, depuis Adam et Ève jusqu’à aujourd’hui… Comment en sommes-nous arrivés là ? », confie Niklaus Holtz, clown-jongleur et directeur de la compagnie. Cette résidence est aussi l’occasion de mener un travail d’éveil et de transmission auprès des élèves. Deux classes, les terminales bac pro CGEA et CGEH, participent ainsi à des ateliers de pratique artistique.
Ces temps de rencontres avec les jeunes sont enrichissants pour tout le monde. « D’une part, les élèves sont sensibilisés à un nouvel univers. Ils peuvent appréhender le travail, le processus de créations des artistes lors des ateliers ou de répétitions ouvertes. D’autre part, la confrontation des professionnels avec des adolescents peut nourrir leur recherche », détaille Hombeline Coffignal, du Carré Magique, pôle national des arts du cirque en Bretagne basé à Lannion, qui a mis en place cette initiative en collaboration avec l’enseignante Brigitte Guéguen. La professeure d’éducation socio-culturelle apprécie de « désacraliser l’artiste » tout en montrant aux jeunes « comment il travaille dur pour y arriver, comme dans tout autre métier ».
Martin Hesse, 22 ans, est acrobate. « Au départ, j’ai senti les élèves un peu réticents. Ce n’est pas simple de se mettre en avant. D’autant que l’acrobatie est une discipline qu’on ne peut pas faire à moitié », explique-t-il. Après un échauffement et des exercices de motricité, il leur parle du rôle de l’oreille interne sur l’équilibre et l’orientation. Puis le moment des sauts apporte du plaisir et donne confiance. « Ce travail de partage me permet de porter attention à plein de corps qui ne sont pas mien. Des corps qui n’ont pas passé 35 heures par semaine pendant des années dans un gymnase. Comment leur parler, les aborder sans malaise ? Cela me remet en question et m’invite positivement à porter un autre regard sur moi-même. » Complémentaire, le clown Niklaus Holtz qui cherche à faire entrer le cirque au théâtre apporte une touche sans doute plus cérébrale. « Dans un monde si efficace où l’homme imparfait ne cesse de courir derrière les machines, j’essaie de faire relativiser les élèves. Qu’ils acceptent leur faiblesse, lèvent la tête et retrouvent de la confiance. »
Enfin, pour aller plus loin, des classes de Kernilien profiteront d’un spectacle sous chapiteau au Carré Magique fin janvier et pourront poursuivre par un parcours de découvertes d’autres rencontres artistiques.