En deux séjours, Charly Lécrivain a travaillé près de 18 mois sur des fermes d’élevage et de grandes cultures en Australie. Il a apprécié se frotter au gigantisme des espaces et des exploitations.
Après son Bac Pro, Charly Lécrivain, dont la ferme familiale est posée à Pontorson (50), s’est lancé dans une formation de BTS Acse à Monfort-sur-Meu (35). « Cet établissement offre la possibilité de partir au moins 4 mois à l’étranger », raconte le Normand. « Au départ, mon idée était de découvrir le Canada. Mais les démarches pour obtenir l’autorisation de travailler sur une ferme sont lourdes. » Alors, pour des raisons de simplicité administrative (voir brève ci-contre), il a mis le cap aux antipodes, vers l’Australie.
La méthode de la terre brûlée…
D’avril à septembre 2016, Charly a travaillé sur une ferme céréalière au sud de Perth (sud-ouest du pays). Une structure de 36 000 ha détenue par des investisseurs chinois produisant orge, blé, colza et lupin, en plus d’un troupeau de 8 000 moutons en conduite extensive. « J’ai débarqué pour la saison des semis. » Le premier mois était consacré à détruire par le feu la végétation et les chaumes. « Je conduisais un 4×4 équipé d’une cuve de carburant qui brûlait tout sur son passage. Une technique très efficace évitant le coût d’un herbicide. Mais derrière, il ne fallait pas chercher les vers de terre… » Cette méthode du brûlage de parcelles ou d’incendies du bocage pour nettoyer des surfaces est très répandue et les exploitations possèdent leurs propres réserves d’eau et camions de pompier pour suivre les chantiers.
« Je semais 200 ha en 12 heures »
Puis, du 25 avril au 25 juin, les semoirs étaient de sortie. « Pendant deux mois, sauf quand il pleuvait, les tracteurs tournaient 24 heures sur 24. Le premier chauffeur travaillait de 18 h à 6 h, le suivant le relayait de 6 h à 18 h. Sans répit. J’implantais, en semis direct, à l’aide d’un 600 CV et d’un outil travaillant sur 27 m de large, 200 ha en 12 heures ! » Si le jeune homme explique que les Australiens considèrent qu’ils font ce qu’ils veulent chez eux –« Ils utilisent encore de l’atrazine, mais le glyphosate n’est plus efficace sur leurs terres »-, des réunions « type Ceta » commencent à être organisées. « Certaines voix disent que s’ils continuent comme ça, dans 10 ans, il n’y aura plus d’agriculture… L’une de mes patronnes, de la nouvelle génération, venait d’ailleurs d’importer un pulvérisateur américain avec coupure de tronçons permettant de ne traiter que sur les adventices ». En attendant, là-bas, on ne parle jamais de la crise agricole. « Au contraire, aujourd’hui encore, les agriculteurs dégagent des revenus phénoménaux. Même dans cette zone où il pleut 200 mm par an et où on ramasse 40 q / ha en blé et 10 en colza. »
Des jobs à trouver sur Internet
Cette première expérience concluante a donné à Charly, diplômé en juin 2017, l’envie de repartir. « Mon projet est l’installation d’ici 5 ans. Plus tard, je ne veux pas regretter de ne pas en avoir profité… », explique-t-il. D’autant que trouver du travail est assez simple. « En Australie, il y a beaucoup de backpackers ou routards étrangers sans expérience qui vont de ferme en ferme. Mais les patrons ne peuvent pas les mettre sur une moissonneuse… Celui qui a une vraie expérience agricole trouve de meilleurs jobs et la paie suit. » Il explique que le salaire de base est de 22,5 $ australien / heure, auxquels il faut soustraire 15 % de taxe (impôt à la source). « Moi, je touchais 25 $ brut / heure, soit 12 à 13 € net, logement et véhicule fournis. »
Pour son 2e séjour, d’un an à partir de mai 2018, Charly Lécrivain a opéré sur 5 fermes différentes. Il pourrait en parler des heures. Mais pour terminer, il conseille surtout aux jeunes de tenter leur chance en Australie pour un dépaysement culturel et climatique assuré. « J’ai trouvé un job en lisant le témoignage positif sur Facebook d’une étrangère à propos d’une exploitation laitière. Visitez aussi le site Gumtree qui est le Bon Coin australien. » Sans oublier les nombreuses agences type intérim spécialisées en agriculture où chacun peut créer son profil et poster son CV en anglais pour candidater : Rural Enterprises, The Job Shop, Go Rural Employment ou encore, pour l’est du pays, Staff 360… « Celui qui se débrouille bien en anglais pourra travailler sur les fermes céréalières où la communication à distance entre les équipes est importante. Les autres pourront aller traire les vaches et progresser tranquillement avant de changer de production… »