Le biométhane produit par l’unité de méthanisation du Gaec Tertre Goutte alimente depuis un an le réseau de gaz de Pleudihen-sur-Rance (22).
L’exploitation de Michel et Antoine Boixière, située à Pleudihen-Sur-Rance (22), compte aujourd’hui 120 vaches laitières pour une production de 1 500 000 litres de lait sur une surface de 145 ha. « J’ai commencé à automatiser en 2012 en installant un 1er robot de traite, puis le 2e en 2015. Par la suite, le bâtiment a été équipé de 4 racleurs automatiques, d’un système de paillage automatisé, d’un robot d’alimentation et dernièrement d’un équipement permettant d’automatiser l’alimentation des veaux », décrit Michel Boixière. La réflexion pour un investissement dans une unité de méthanisation a démarré en 2016, c’était une suite logique après l’automatisation de l’élevage.
[caption id= »attachment_44299″ align= »aligncenter » width= »720″] Michel et Antoine Boixière associés du Gaec Tertre Goutte.[/caption]
Du biométhane sur le réseau depuis janvier 2019
Le premier projet portait sur une méthanisation avec cogénération d’une puissance de 80 kw mais la possibilité d’injecter le biométhane sur le réseau situé à 500 m de l’exploitation a fait basculer le projet sur de l’injection. « Nous avons sur la commune une entreprise de fabrication de minéraux, une cidrerie et une usine de
fabrication de galettes qui consomment beaucoup de gaz, sans compter la consommation hivernale des particuliers pour le chauffage », précise l’éleveur. Il indique aussi que si l’investissement est plus élevé pour une unité de méthanisation avec injection plutôt qu’en cogénération, la rentabilité en injection est bien meilleure. « Nous allons vendre chaque mètre cube de biogaz produit alors que le procédé par cogénération engendre des pertes. » Les éleveurs ont choisi de traiter avec GR Énergie, une entreprise bretonne, pour la construction de l’unité de méthanisation qui a débuté en février 2018. L’injection du biométhane sur le réseau de gaz a débuté en janvier 2019.
[caption id= »attachment_44300″ align= »aligncenter » width= »720″] Le biométhane venant des digesteurs est épuré dans ces containers.[/caption]
5 à 6 ans de retour sur investissement
Michel et Antoine Boixière ont investi 2,5 millions d’euros, ils ont bénéficié d’aides à l’investissement de l’Ademe à hauteur de 619 000 € et de 50 000 € du Conseil régional de Bretagne. « Avec un contrat de rachat du biométhane sur 15 ans de 60 Nm3/heure, nous avons réalisé un prévisionnel à 720 000 €/an de recettes sur la vente du biométhane. Les charges d’exploitation sont évaluées à 370 000 €/an. Cela nous donne un temps de retour sur investissement brut compris entre 5 et 6 ans », calcule Michel Boixière. Les méthaniseurs ont la possibilité d’injecter plus que ce qui est prévu au contrat 3 mois dans l’année en faisant une demande spécifique. Le contrat de rachat est évolutif et dans les années à venir les éleveurs pourraient être amenés à produire et injecter plus de biométhane sur le réseau de gaz si la demande suit. « Nous avons dimensionné l’unité pour pouvoir produire deux fois plus que ce qui est fait à ce jour. »
Le digesteur a une capacité de 1 700 m3, le post-digesteur fait 2 400 m3, le digestat est ensuite stocké dans une fosse de 6 000 m3, il terminera ensuite dans une fosse de 1 500 m3 avant d’être épandu. « Nous avons une capacité de stockage du biogaz de 10 000 m3 soit environ 5 jours de production. Cela permet de stocker le biogaz le week-end quand les entreprises ne consomment pas ou de prévoir des interventions de maintenance sans perte de production. » En termes de temps de travail, les éleveurs estiment que les tâches quotidiennes (alimentation, supervision) prennent entre 1 heure et 1,5 heure et cela 7 jours sur 7. La maintenance, l’entretien et la partie administrative entre 8 et 10 heures par semaine. La production des intercultures et la gestion des digestats entre 35 et 45 jours par an. Au total la méthanisation représente entre 70 et 80 % d’un temps plein.
[caption id= »attachment_44298″ align= »aligncenter » width= »720″] Le biogaz passe par une phase d’odorisation dans le poste d’injection appartenant à Véolia.[/caption]