Les charges de mécanisation varient du simple au triple selon les exploitations.
Les écarts au niveau charges de mécanisation restent importants entre exploitations. Une réalité rappelée une fois de plus lors d’une journée, organisée par la Chambre d’agriculture, sur le thème de la délégation du travail.
Dans une étude menée en 2010, ces charges, en grande partie engendrées par la traction (40 %), étaient estimées à « 228 € pour les agriculteurs les plus économes. Elles étaient de 482 € pour les systèmes les plus dépensiers ». Depuis, les agriculteurs à faible coût de mécanisation sont restés stables dans leurs dépenses, contrairement à ceux déjà très équipés qui sont passés de 482 € à 640 €/ha. Ces écarts s’expliquent par une délégation plus importante pour les travaux des champs ou/et un regroupement parcellaire qui indirectement conduit à des économies de carburant. « Les producteurs dans la moyenne supérieure ont un parcellaire plus éloigné et ont du matériel en propre mais ne l’utilisent pas, faute de temps ». Ces hausses de charges de mécanisation s’expliquent aussi avec une hausse du prix du matériel, estimée à + 3,5 % par an, ou des charges annexes qui connaissent une véritable inflation (carburant, pneu, lubrifiant).
Selon un calcul réalisé en Pays de la Loire sur 10 exploitations agricoles, des gains de 3 000 € ont été constatés par an chez certains agriculteurs qui délèguent, quand d’autres producteurs subissent l’effet inverse.
Une ETA à moins de 25 km
« En déléguant j’ai investi dans mon élevage »
• Chez Joël Cann, agriculteur au Tréhou, le système herbager et les regroupements parcellaires limitent l’équipement. « J’ai 70 ha, pour 70 vaches laitières et seulement un tracteur de 70 CV », illustre-t-il. Tous les travaux des champs sont réalisés par ETA, l’éleveur se garde les travaux de fanage et d’andainage de foin. « Les ETA ont du matériel de plus en plus performant. Je me dégage ainsi du temps pour faire autre chose ». Joël Cann préfère se concentrer sur son atelier laitier. « C’est la traite qui fait la richesse de la ferme ».
• Même stratégie chez Alain Tourbot, à la tête d’un élevage naisseur engraisseur de 400 truies à Saint-Thégonnec, où quasi tous les travaux des champs sont délégués. « L’argent qui n’est pas mis dans le matériel est investi dans l’élevage. J’estime qu’il vaut mieux avoir un bel élevage fonctionnel où l’on travaille tous les jours qu’un tracteur qui n’est utilisé qu’occasionnellement ». Cette confiance envers ses prestataires de service pour les semis lui permet même d’aller vers d’autres techniques culturales, comme par exemple le semis direct en céréales. « Les sols sont plus porteurs, on abîme moins les champs », observe le producteur.