Les responsables de la FDSEA des Côtes d’Armor sont revenus, en conférence de presse, sur les actualités agricoles du moment. Ils en ont profité pour affirmer leur position.
Le sujet brûlant du moment est évidemment celui de la mise en place de zones de non-traitement ou ZNT. Le décret publié il y a quelques semaines n’est pas passé du côté de la FDSEA des Côtes d’Armor. « La profession agricole travaille de longue date sur ce dossier. Nous avons largement discuté avec l’association des maires pour produire une Charte œuvrant pour le bon vivre-ensemble entre agriculteurs et riverains. »
Faire confiance aux professionnels
« À travers cette décision politique, les pouvoirs publics ont cassé tout ce processus de concertation », estime Philippe Cherdel, secrétaire général du syndicat départemental. La présidente Fabienne Garel dénonce, elle, une fois de plus un excès de « transposition » à la française par rapport aux règles européennes. Elle ne supporte pas que les agriculteurs soient traités « d’empoisonneurs ». Pour elle, « le bon sens doit revenir, en s’appuyant sur les données scientifiques disponibles, comme celles de l’Anses, pour faire comprendre à tous qu’en protégeant les cultures avec des produits phytosanitaires, on protège l’alimentation de tous. On ne meurt plus de manger, la nourriture se conserve mieux qu’avant… ».
Et Véronique Grot, secrétaire générale adjointe, d’enfoncer le clou : « Les agriculteurs sont très contrôlés sur leurs pratiques. Ils sont titulaires d’un Certiphyto, deux jours de formation, pour pouvoir et savoir utiliser correctement les traitements. Il est temps de refaire confiance aux professionnels. » Si le message n’est pas entendu, Fabienne Garel rappelle la menace portée par la FNSEA : « Nous n’accepterons plus les boues d’épuration des communes sur nos terres. Peut-être que cela aidera à réfléchir… »
Vanessa Pelé, trésorière de la FDSEA 22, renvoie même la balle dans l’autre camp. « Les agriculteurs sont fatigués de vivre dans ce climat. » Elle rappelle, que depuis déjà longtemps, ils ont pris leurs responsabilités et fait des efforts conséquents sur la qualité de l’eau par exemple. « Aux citoyens et aux collectivités de s’y mettre. »
« Que notre agriculture soit servie dans les cantines »
Revenant sur la question de la surtransposition réglementaire qui crée des distorsions de concurrence face aux pays voisins ou lointains d’où on importe massivement des denrées alimentaires, Fabienne Garel enrage. « On ne cesse de faire peser davantage d’exigences sur notre agriculture. Mais le minimum est qu’ensuite, cette alimentation vertueuse qu’on nous réclame soit servie dans les cantines de nos enfants, dans les Ehpad, dans les restaurants administratifs… » La présidente n’accepte pas que la loi Égalim ait demandé aux agriculteurs français une montée en gamme à travers les cahiers des charges sans avoir en contrepartie l’assurance que les produits étrangers importés sur notre marché respectent les normes imposées aux Français. « Est-ce normal d’accepter des denrées du Canada ou du Brésil produites en usant de produits phytosanitaires interdits chez nous ? » Surtout, avec cette fameuse loi Égalim, le monde agricole attendait un « souffle financier » dans les filières laitière, viande bovine… « Il n’est pas venu. Viendra-t-il un jour ? En attendant, les charges augmentent sans arrêt… »
Les promesses de Macron évaporées
« Finie la surtransposition, du revenu pour les agriculteurs… Que sont devenus les engagements d’Emmanuel Macron au début de son mandat ? », interrogent les syndicalistes. Dans le même temps, déçus par les actions du Gouvernement, ils regardent avec une certaine envie la manière dont le président américain Donald Trump négocie avec les Chinois pour protéger et favoriser son agriculture. Au même moment, nombre de produits français destinés à la Chine, comme de la viande de porc ou de volaille ou des pommes de terre, sont bloqués dans les ports à cause de la grève des dockers.