Un soutien controversé de la Région à la volaille hors sol

 - Illustration Un soutien controversé de la Région à la volaille hors sol
Dix-sept dossiers de construction de poulaillers hors sol viennent d’obtenir une subvention de la Région. Insupportable pour la Confédération paysanne.

« La Région a accordé, fin décembre, 920 000 € à 17 dossiers de projets industriels », déplore Morgane Ody, porte-parole du syndicat dans le Morbihan. Plus de 50 000 € en moyenne pour des élevages dont la production est, selon elle, en totale incohérence avec les enjeux actuels et les ambitions agro-écologiques de la Région. « L’objectif est d’avoir 350 000 m2 de production supplémentaire pour approvisionner le nouvel abattoir de Châteaulin (29), afin d’exporter et maintenir le volume en Bretagne. Le tout avec 200 producteurs en moins dans les trois ans. À partir du moment où le groupe Almunajem est entré dans le capital de Yer breizh (société qui a repris Doux), on a bien compris que ce n’était pas pour la reconquête du marché intérieur ».

Soja importé

La Conf’ demande un arrêt progressif des importations de soja. « Les Français ont beau jeu de critiquer Bolsonaro quand ils subventionnent des projets qui accentuent la dépendance au soja OGM américain. Châteaulin est à proximité du port de Brest, porte d’entrée du soja et de sortie des poulets. Tout pour plaire aux industriels ». Le syndicat demande également un lien au sol équivalent à 20 % d’autonomie alimentaire : 50 ha pour un poulailler de 2 000  m2. « Les aides doivent être conditionnées au maintien de l’emploi. Sous couvert d’installation, il y a malheureusement perte d’emploi dans la plupart des dossiers. Nous voulons également que les aides soient conditionnées à la montée en gamme, avec moins de densité et une génétique plus rustique, moins dépendante aux antibiotiques ».

Quelle rentabilité ?

La Région a pourtant revu les conditions d’octroi des aides. Le nouveau cahier des charges impose de la lumière naturelle, une densité moins forte, des perchoirs et une surface maximale du bâtiment de 2 000 m² sur une exploitation dont la surface totale ne peut dépasser 5 000  m². « Les montages sociétaires permettront de passer outre les conditions de surface. Les conditions liées à l’élevage ne sont pas suffisantes. La seule bonne nouvelle, c’est que les projets de volaille plein air et bio pourront désormais y prétendre ». Le syndicat demande également la cohérence des plans d’épandage, « à proximité, au lieu d’exporter des fientes hors région ». La Conf’ déplore, en outre, que la rentabilité économique des poulaillers neufs soit limitée, au regard des investissements. « Ce sont les éleveurs qui prennent tous les risques, sur des modèles qui seront vite dépassés car en contradiction avec les attentes sociétales ».

Recours contre le poulailler de Langoëlan

La Confédération paysanne, Eau et Rivières et un collectif de citoyens vont contester l’arrêté d’autorisation préfectoral de construction de deux bâtiments de 2 000 m2 à Langoëlan, un projet porté par un jeune agriculteur. Leur avocat, spécialisé en droit de l’environnement, va déposer, dans les trois mois, un recours juridique pour dénoncer les insuffisances de l’étude d’impact : aire de compostage à la lisière d’une zone Natura 2000 ; incohérence avec la loi Biodiversité et avec le développement durable.


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