« Aller en pays éloigné ». La définition de « voyager » tient en quelques mots. La concision est la préséance des grands desseins. Inutile d’épiloguer : le vrai voyage se vit ; il ne se raconte pas. Voyager, c’est d’abord vivre une expérience, se construire. Voyager, c’est s’ouvrir aux autres et s’ouvrir à soi. Depuis la nuit des temps, le voyage forge l’individu, pétrit sa personnalité : « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage ».
Aller par le monde. Peuple de marins, les Bretons l’ont toujours fait. Aujourd’hui encore, ils sont présents presque partout, comme l’attestent ces images télévisuelles qui montrent régulièrement un drapeau « Gwenn ha Du » brandi aux endroits les plus inattendus du Globe.
Sur le plan économique, l’organisme « Bretagne Commerce International » regroupe quant à lui plus de 400 entreprises régionales ayant une activité à l’international dans plus de 100 pays. L’agriculture n’est pas en marge de cette présence à l’international. Plus du tiers des exportations bretonnes concerne des produits agroalimentaires. À ces échanges commerciaux s’ajoute l’échange du savoir-faire agricole permis par les Bretonnes et Bretons installés à l’étranger et les étrangers installés en Bretagne, comme l’illustrent les reportages de ce numéro spécial « Invitation au voyage » publié cette semaine par Paysan Breton. Mais le Breton qui aime s’ouvrir aux horizons nouveaux est plus que tout autre frappé du « paradoxe de la mobilité » : viscéralement attaché à son territoire, il a tendance à revenir au bercail. Une bonne nouvelle pour la région, une moins bonne pour les entreprises étrangères qui savent qu’un jour viendra où l’appel du large sera vaincu par l’appel encore plus fort de la maison. Ainsi sont les Bretons.