Sabrina et Olivier Suignard sont les premiers éleveurs bretons à mettre en application une procédure du code rural permettant de remettre en culture des terres en friche.
C’est une première en Bretagne. Un dossier de remise en culture de terres en friche vient d’aboutir dans le Finistère. « Nous avons fait une demande auprès de la DDTM du Finistère en septembre 2017 pour tenter de récupérer 11 ha en friches situés au cœur de notre parcellaire. En novembre 2018, nous avons obtenu l’autorisation de défricher pour pouvoir les remettre en culture », témoigne Sabrina Suignard, installée en Gaec avec son mari Olivier sur l’exploitation laitière située à Plonévez-du-Faou (29).
De la surface accessible à 50 m de la stabulation
Lors de son installation au 1er avril 2019, Sabrina Suignard n’a pas repris d’exploitation ni de terre. Ces surfaces en friche, qui n’étaient plus cultivées depuis 18 ans et dont certaines parcelles, à moins de 50 m de la stabulation, étaient donc intéressantes pour les éleveurs, une partie étant directement accessible aux vaches. « Nous avons entendu parler de cette procédure par hasard avec une personne du Conseil départemental venue contrôler notre bâtiment d’élevage. » Emmanuel Le Cloître, responsable foncier et installation à la DDTM du Finistère, précise : « Ce type de parcelles qui n’ont pas été cultivées pendant plusieurs années pourraient passer en bio tout de suite sans avoir besoin de respecter une période de conversion. »
Une procédure existe quand la négociation n’est pas possible
Olivier Suignard indique que cela fait une vingtaine d’années qu’il essaye de louer ou d’acheter ces terres à leur propriétaire. « Après de multiples rencontres et échanges téléphoniques, il n’a jamais été possible de trouver un accord avec lui. » Cette procédure est donc une aubaine pour les agriculteurs qui ont réussi à obtenir ces 11 ha après plusieurs rendez-vous sur le terrain avec l’Administration et différentes démarches administratives à réaliser. Le couple d’éleveurs ajoute : « C’est quand même un gros investissement de temps et d’argent avant de pouvoir remettre une culture en place. On ne compte pas le temps passé et le nombre de remorques de bois que nous avons enlevées avant de pouvoir semer quelque chose. Nous récupérons 8 ha de terres qui sont directement accessibles au pâturage pour nos laitières. Cette surface supplémentaire en herbe va nous permettre de gagner en autonomie alimentaire. » La surface qu’il reste à défricher est faite de petites parcelles assez dispersées. Maintenant il reste encore aux agriculteurs à négocier avec le propriétaire le montant du loyer pour les terres. « Nous avons pris les devants et nous avons réalisé une évaluation du loyer selon notre situation géographique et le potentiel des terres avec un conseiller spécialisé de la Chambre d’agriculture. »