Après des mois d’attente, le ministre de l’Agriculture a présenté le 28 février quinze mesures pour améliorer le bien-être animal. Des annonces qui n’ont convaincu personne.
« Fin 2021, plus rien ne sera comme avant. » En présentant, le 28 janvier, son plan pour l’amélioration du bien-être animal, Didier Guillaume n’a pas eu peur de la surenchère. C’est peu dire qu’éleveurs et associations de protection animale attendaient ces quinze mesures, promises par le ministre de l’Agriculture depuis mai 2019. Et parmi elles, emblématique mais aux contours déjà connus : l’interdiction, d’ici fin 2021, du broyage des poussins mâles et de la castration à vif des porcelets. C’est sur cette dernière que Didier Guillaume a apporté le plus de précisions le 28 janvier.
La FNP « attend des précisions »
Chaque année, environ 10 millions de porcelets sont castrés en France, selon l’ONG Welfarm, qui en a fait son cheval de bataille. Cette pratique vise à éviter le risque de mauvaises odeurs lors de la cuisson de la viande. D’après les annonces de Didier Guillaume, cette opération restera autorisée, mais elle devra être précédée d’une anesthésie. Concrètement, le ministre prévoit de « mettre en place des protocoles avec les vétérinaires afin que les éleveurs puissent eux-mêmes pratiquer » une anesthésie locale avant la castration.
Cette question – qui réalisera l’anesthésie ? – inquiétait particulièrement les représentants des éleveurs. Interrogé par Agra Presse, François Valy, le président de la FNP (éleveurs de porcs, FNSEA) « prend acte » de l’annonce du ministre, mais « attend des précisions ». Malgré le discours rassurant de Didier Guillaume, l’éleveur rappelle qu’« aujourd’hui, les éleveurs n’ont pas le droit d’utiliser les produits (anesthésiants) en main. » Il craint « un coût supplémentaire imposé à la production », mais aussi des investissements à consentir. Comme l’ensemble des ONG de protection animale, Welfarm se prononce pour « l’arrêt pur et simple de la castration », « seule alternative viable ». Ce qui reviendrait à généraliser la production de mâles entiers ou l’immunocastration. Selon François Valy, « entre 25 et 30 % des mâles » en France ne sont pas castrés. Précurseur en la matière, la Cooperl a commercialisé 10 millions de mâles entiers depuis 2012. Mais « si nous disposions des moyens de valoriser l’ensemble de la production sans castration, tous les industriels auraient imité la Cooperl », abonde la Coordination rurale dans un communiqué du 29 janvier.