Élections municipales 2020 : « Je vais m’occuper de ma commune »

 - Illustration Élections municipales 2020 : « Je vais m’occuper de ma commune »
Maryse Lecomte, agricultrice à Bléruais (35), au conseil municipal depuis 31 ans et maire depuis 2013.
Les listes pour les élections municipales du 15 et 22 février ne sont pas toutes closes. Êtes-vous sûr que le métier d’agriculteur y sera représenté ? Il n’est pas trop tard… Maryse Lecomte, agricultrice, témoigne de son rôle au sein de sa commune.

105 habitants et 84 votants. Pour la plus petite commune d’Ille-et-Vilaine, ce n’est pas moins de 13 % de la population qu’il faut motiver pour constituer la liste pour les prochaines élections municipales. Vaste chantier pour Maryse Lecomte, agricultrice à Bléruais, qui a pourtant dans un premier temps envisagé de se désengager de la vie de la commune. Conseillère municipale, puis adjointe et maire depuis 2013, elle est élue depuis 1989. Le poste de maire, elle ne l’a pas vraiment choisi. Au décès de son prédécesseur, la préfecture a imposé des élections en cours de mandat. Il fallait que quelqu’un prenne le poste… Elle s’est dévouée.

Après 31 ans au service de sa commune, elle pensait pouvoir profiter d’une retraite bien méritée en 2020-2021, à la fois professionnelle et extraprofessionnelle. « C’est pourtant une expérience enrichissante et qui apporte beaucoup de satisfaction quand on peut faire avancer les dossiers. Cependant, les charges administratives — même dans une petite commune — et mener de gros projets, c’est lourd », avoue-t-elle. Mais la place de tête de liste restant vacante, soutenue par l’équipe municipale en place, elle s’est laissé convaincre et a finalement décidé de proposer sa candidature pour un nouveau mandat.

S’impliquer et impliquer

« Je vais continuer de m’occuper de ma commune », dit-elle, motivée. Pour la faire évoluer et envisager son développement. « Pour y arriver, il faut savoir s’entourer de retraités, disponibles, tout en attirant de nouveaux colistiers et des jeunes, qui vont s’investir dans la durée. » Il faut penser à l’avenir, et former ces jeunes qui, demain, prendront le relais. En territoire rural, il faut d’autant plus faire des efforts pour attirer de nouveaux résidents. Cela semble fonctionner : dix maisons se sont construites. « Mais c’est un travail continu : il faut travailler sur les aménagements, pour rendre un cœur de bourg accueillant et maintenir sa propre identité, en cas de regroupement futur avec des communes voisines ».

Ce sera sûrement un des gros dossiers à travailler avec les conseillers municipaux dans les années à venir… Ces derniers qui, pour certains, découvrent le fonctionnement d’une collectivité territoriale, peuvent percevoir la délégation communautaire de nombreux dossiers comme une frustration… Il faut donc leur expliquer le rôle de la communauté de communes et « toujours avoir des projets locaux pour qu’ils s’y investissent et qu’il y ait matière à discussion au sein de l’équipe ».

L’écologie, maître-mot dans les programmes

L’écologie s’invite dans cette campagne municipale, ce mot sera sur nombre de tracts de campagne. « Un effet de mode et une manière d’attirer les voix ? », s’interroge-t-elle. « Toujours est-il que qui mieux que nous agriculteurs, peut en parler ? Nous pratiquons cette écologie tous les jours… » Qui sinon les agriculteurs présents dans ces instances pensera aux conséquences pour l’agriculture d’un projet d’aménagement du territoire ?

Au conseil municipal de Bléruais, deux agricultrices représentent actuellement les 5 exploitations de la commune : le corps de métier est bien représenté. « Mais, pris par le travail, les agriculteurs n’osent plus s’engager », déplore-t-elle. Pourtant, toutes les professions doivent pouvoir s’exprimer dans un conseil municipal. Les communes et les communautés de communes sont des échelons de proximité qui sont concernés par le dialogue entre la société et l’agriculture. « Pour une meilleure tolérance envers notre métier, notre rôle est important : servir de relais auprès des autres concitoyens, expliquer comment on travaille, pourquoi tel élevage s’agrandit… car la population a de moins en moins de lien avec la terre. »

Concilier métier et mandat

« Quand j’ai pris plus de responsabilités dans la commune, sur le plan familial, mes enfants étaient déjà grands. J’étais donc plus disponible. Sur l’exploitation, cela exige de l’organisation : on se lève plus tôt, on finit plus tard… Je ne prends pas trop d’engagements à l’extérieur, en privilégiant ceux de proximité. Pour autant, la fonction impose notre présence à certaines réunions : pour s’informer ou veiller à la représentativité de nos petites communes rurales. Un point qui m’est cher. Mais la priorité reste mon métier, je ne l’ai jamais délaissé pour la mairie ! Notre métier a l’avantage de nous permettre de nous dégager parfois du temps en cours de journée ». Un métier qui habitue aussi à gérer au plus juste, à investir, à gérer un budget et sa trésorerie… Des points communs avec la gestion d’une mairie.

« Aujourd’hui, les gros investissements ont été faits sur la commune, on va pouvoir envisager de déléguer certains travaux, comme l’entretien des espaces verts… Ce qui permettra de moins essouffler les bénévoles », ajoute-t-elle. En effet, être engagé dans une petite commune rurale exige une grande disponibilité. Ici pas d’employés municipaux. C’est une assistance 7 jours / 7 pour l’équipe municipale, et à plus forte raison pour le maire. « On nous appelle dès que quelque chose ne fonctionne pas. »


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