Cultiver de la betterave en système bio est une mission complexe. Pourtant ses qualités nutritionnelles en bovin laitier sont indéniables. Avec les mini-mottes, le début de cycle est sécurisé, ce qui assure la réussite de la culture.
La betterave fourragère est la plante énergétique la plus productive en bio mais elle est probablement une des plus difficiles à produire. La production par semis direct peut s’avérer très délicate tant les étapes de désherbage post-levée sont déterminantes mais périlleuses. S’affranchir de la période sensible du démarrage de la culture est une solution pour rendre accessible la production de betteraves en bio.
Une bonne plantation, gage de réussite
Les plants de betterave sont produits sous serre. La date de livraison des plants peut se faire entre le 15 avril et le 15 juin, selon le calendrier souhaité du producteur. Cette souplesse de date de semis permet à l’agriculteur d’organiser ses travaux.
Une préparation soignée de la parcelle est nécessaire (faux semis…). Les plants sont livrés à 3-4 feuilles, prêts à être plantés. La plantation se réalise sur un sol ressuyé, rappuyé avec un peu d’humidité afin d’assurer un bon contact sol-racine pour un ancrage optimum. Le démarrage sera d’autant plus vigoureux que ces conditions seront réunies. La densité de semis est de 40 000 plants/ha. L’utilisation d’une planteuse 2 ou 4 rangs est nécessaire, avec un écartement de 50 à 75 cm entre les rangs. La technique de plantation garantit également un nombre de pieds et un stade de plantes plus homogène qu’avec le semis.
[caption id= »attachment_44609″ align= »aligncenter » width= »720″] Le même champ un mois ½ après.[/caption]
Un itinéraire cultural sécurisé
Les plants se développent alors à vive allure permettant une couverture du sol rapide. La betterave a sans conteste l’avantage concurrentiel sur les adventices, qui pourraient lever. Un hersage est possible, dans de bonnes conditions et avec précaution, dès 8 jours. La plantation est suivie d’un ou deux binages. Le désherbage est ainsi simplifié.
Les betteraves plantées sont plus aériennes et plus grosses que les betteraves semées. La production attendue est de 15 à 18 tonnes de matière sèche. À la récolte, il faut éviter de blesser la betterave. Une racine coupée se conservera mal. Dans les parcelles portantes, le pâturage au fil est également une solution. Dans ce cas, préférez des îlots proches de l’exploitation.
Un complément idéal des rations à base d’herbe
La betterave fourragère est un excellent fourrage, très riche en énergie. Elle permet de diversifier la ration des vaches et d’apporter de l’énergie fermentescible. Elle a l’avantage d’être peu encombrante et très appétente. Cependant, elle peut s’avérer contraignante : distribution, conservation, salissement de l’auge…
Pour bien l’intégrer dans la ration des vaches, il faut veiller à respecter les équilibres nutritionnels requis. Avec une matière sèche variant entre 12 et 18 %, la valeur UFL oscille de 1,12 à 1,15. Il est déconseillé de dépasser 3 kg MS, soit environ 20 kg brut de betterave par vache/jour, car elle est très riche en sucres et a une faible teneur en cellulose. Si elle est distribuée en trop grandes quantités et/ou que la teneur en cellulose de la ration est trop faible, le risque d’acidose devient alors important. Avec un faible encombrement, la betterave améliore l’ingestion globale de la ration de base.
Elle a donc tout son intérêt dans une ration ayant une base d’herbe pâturée complétée de foin ou une base d’ensilage d’herbe, complétée de quelques kilos de maïs. La betterave permet de concentrer la ration en énergie et d’assurer une production laitière performante.
Un intérêt économique incontestable
La première économie de l’utilisation de la betterave réside sur le coût de la semence puisqu’il en faut 2 fois moins pour la production de mottes que pour un semis direct. Le coût d’achat des mini-mottes est malgré tout important. Mais le gain de temps au désherbage en début de cycle et surtout, la sécurisation de la production d’un fourrage de haute qualité donnent raison à la technique. Le coût de production s’établit à 100-120 €/t de MS (hors coût de récolte).
Si l’on distribue environ 3 kg MS et si tous les équilibres nutritionnels de la ration sont respectés, il est possible d’augmenter le TP de 0,8 à 1 point et le TB de 1 à 2 points, ce qui entraîne une plus-value du prix du lait sur la période de distribution.
Charlotte Carn / Eureden