C’est un peu comme avant un coup de tabac breton. Rien ne frémit, pas même la plus petite branche d’habitude si sensible au moindre souffle. On ne voit rien, on ne sent rien. Et pourtant. Et pourtant, on sent qu’un événement d’ampleur se prépare. Le calme avant la tempête. En faisant du « Green Deal » l’étendard de son mandat, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’apprête à déclencher une tempête aux quatre coins des territoires agricoles européens.
Certes l’agriculture n’est ni plus ni moins concernée que les autres secteurs par l’ambition de l’UE de devenir la première économie neutre en gaz à effet de serre d’ici 2050. Mais l’agriculture est proche du souffle de ce boulet car elle est la première attributaire des soutiens européens. Et comme le budget de l’Europe tient davantage de la politique des vases communicants que du « quantitative easing », les agriculteurs doivent se préparer à voir leur portefeuille d’aides modifié en profondeur (sans parler de l’effet cumulé du Brexit). En effet, le verdissement envisagé des politiques macroéconomiques européennes s’appuie sur un budget prévisionnel de 1 000 milliards d’euros sur 10 ans.
Financé comment ? La moitié des fonds proviendrait du budget de l’UE ce qui augure une large ponction dans les fonds structurels et ceux de la Pac. C’est donc un profond changement de paradigme financier de l’UE qui s’annonce. Le calendrier de la réforme de la Pac 2021-2027 qui coïncide plus ou moins avec la mise en place du Pacte vert européen est une aubaine pour Ursula von der Leyen. Et une infortune pour l’agriculture. Sauf à ce que l’agriculture s’inscrive pleinement dans la lutte contre le changement climatique qui, demain, conditionnera l’attribution d’une grande partie des aides européennes.