Le procédé de méthanisation de l’allemand Agrikomp utilise une charpente en bois sur le digesteur pour capter le soufre, préjudiciable pour les moteurs thermiques.
Le Gaec des 2 vallées de Landudec (29) a mis en route son unité de méthanisation en juillet 2019. Les 4 associés de la structure produisent du lait biologique avec un troupeau de 200 vaches, pour une SAU de 300 ha. Sur cette installation, le digesteur est recouvert par une membrane souple nommée Biolene, composée de caoutchouc résistant et posée sur une charpente bois.
« Des bactéries spécifiques se développent sur cette charpente et vont cristalliser le soufre contenu dans le gaz », décrit Élise Chabriais, assistante commerciale pour la société allemande AgriKomp qui a réalisé l’installation. Ce soufre retombe sous forme solide dans le digestat et sera disponible pour les plantes lors de son épandage. Ces colonies de bactéries ne suffisent pas à diminuer la part de soufre dans le ciel gazeux du digesteur, les unités de méthanisation doivent être équipées d’autres solutions, comme des charbons actifs ou l’introduction de chlorure ferrique.
Le soufre, plaie des moteurs
Hervé Gorius, chargé de mission méthanisation et climat à la Chambre d’agriculture, rappelle que ce soufre, s’il est présent dans le biogaz « va se transformer en acide, qui détériorera fortement le moteur de la cogénération ». Si toutes les déjections sont riches en soufre, les fumiers en contiennent « une part plus importante. C’est encore plus vrai pour les fumiers de volaille ».
Les teneurs en soufre vont dépendre du type d’alimentation distribuée aux animaux, « comme des bovins qui reçoivent des tourteaux à base de crucifère (tourteaux de colza). Attention également à l’introduction de compléments végétaux comme des échalotes ou de l’ail, qui contiennent beaucoup de soufre. Ils sont à introduire en petites quantités », prescrit Hervé Gorius.
Séchage de foin de luzerne
La chaleur dégagée par l’outil de méthanisation est valorisée en séchant des copeaux de bois, mais aussi du foin de luzerne. Ce foin est déshumidifié grâce à une station de séchage pouvant recevoir 32 balles carrées. « Les balles doivent être homogènes, la station les sèche en 10 heures. Nos prairies sont adaptées à ce mode de séchage, elles ne contiennent que de la luzerne, il n’y a pas de trèfle », explique Guénolé Gentric, un des associés du Gaec. L’ensemble de l’outil s’ouvre hydrauliquement pour pouvoir accueillir les bottes de foin, avant de redescendre pour les écraser. L’air insufflé ressort sur les côtés afin d’évacuer la vapeur d’eau.
[caption id= »attachment_44642″ align= »aligncenter » width= »720″] Le foin de luzerne est séché dans cette station. L’ensemble s’ouvre hydrauliquement pour recevoir jusque 32 balles carrées.[/caption]