À Plouha, samedi dernier, opposants à la méthanisation et agriculteurs se sont retrouvés à la mairie.
Il y a quelques semaines, Fabienne Garel, présidente de la FDSEA des Côtes d’Armor, et les membres de son bureau, avaient été clairs : « Face à tous les collectifs anti-projets qui germent à travers le territoire, nous serons au soutien de toute initiative agricole qui respecte la réglementation et répond à un marché. » Il n’aura pas fallu attendre très longtemps pour voir la profession se mobiliser. Samedi 8 février, devant la mairie de Plouha, un groupe de personnes manifestant leur opposition à des projets de méthanisation sur la commune s’est retrouvé face à un rassemblement plus large d’agriculteurs, mais aussi de conseillers et de gens issus du para-agricole. La tension est d’ailleurs montée à plusieurs reprises.
Un projet ? Pourquoi pas, mais pas chez moi
« Une unité de méthanisation, ça pue, ça pollue, ça peut prendre feu… Dans la bouche des opposants, nous entendons tout et n’importe quoi », regrette Fabienne Garel. Elle craint surtout une multiplication de ces entraves et dénonce une logique « bien souvent » égoïste et très locale. « À l’échelle des Côtes d’Armor, et même plus largement de la Bretagne, il pourrait y avoir un effet boule de neige de ce phénomène anti-projet. La plupart des voisins opposants concèdent ne pas être contre les agriculteurs, mais ils refusent les travaux près de chez eux en pensant qu’ils seraient mieux plus loin, ailleurs… » Mais la responsable campe sur ses positions : « Nous sommes légitimes sur le territoire. Nous créons de l’activité, de l’emploi, afin de préserver la vitalité de tout le tissu rural. Nous ne pouvons laisser ces messages négatifs passer. »
Pour une méthanisation préservant l’élevage
Présent sur place, Didier Lucas, président de la Chambre d’agriculture a tenté de rassurer les opposants en rappelant que la méthanisation limite les odeurs par exemple et ne favorise pas spécialement davantage de transport sur les routes quand l’unité est adossée à un élevage. « Politiquement, il est important de permettre à la méthanisation de se développer. C’est un outil important pour que l’agriculture, et notamment l’élevage breton, puisse s’engager dans la transition énergétique indispensable. » Le producteur de porc voit dans la méthanisation une opportunité pour les professionnels de la région. « Il faut simplement s’assurer qu’elle ne se développe pas en étant un appel à la végétalisation de notre territoire, mais qu’elle demeure bien chez nous un nouveau levier pour les filières d’élevage. »
Et comme souvent, l’histoire va se répéter. Vendredi, à Loscouët-sur-Meu (22), une simple rue séparera un groupe de citoyens s’opposant localement à l’installation d’une autre unité de méthanisation, un projet collectif à trois exploitations, d’un rassemblement d’agriculteurs, et pas seulement, se fédérant en association (voir encadré).
BELENFANT Christiane
La méthanisation est une aberration écologique qui ne crée pas d »emplois, à part ceux des porteurs de projets. Nous avons besoin des agriculteurs pour nourrir les humains et les bêtes. Ce projet mène, à terme, l’agriculture dans un mur. L’agriculture doit faire sa transition écologique mais pas avec la méthanisation qui va polluer l’air, les sols les rivières
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