Pomme de terre : Le plant breton se bat sur un marché disputé

 - Illustration Pomme de terre : Le plant breton se bat sur un marché disputé
De gauche à droite : Baptiste Brunello, directeur de la production ; Florimond Desprez, directeur de Germicopa ; Ewen Thomas, responsable technique.
Les conditions d’arrachage difficiles ont retardé les expéditions de plant de pomme de terre, sur un marché fragile et très concurrentiel.

« La campagne 2019/2020 s’est déroulée en 2 temps : elle a démarré par des exportations dynamiques, suite à l’annonce précoce dans la saison de déclassements élevés aux Pays-Bas. L’Algérie a ensuite marqué un tournant, nous avons perdu des volumes sur ce marché », résume Florimond Desprez, directeur de Germicopa, lors d’une matinée d’information destinée aux producteurs de plant de pomme de terre à Carhaix (29).
En Algérie, de nombreux exportateurs ont souhaité entrer sur le marché, « les premiers bateaux arrivés sur place n’ont pas été entièrement vendus. Au total, ce sont seulement 85 000 t de plant qui ont été écoulées, contre plus de 115 000 t importées par ce pays du Maghreb en année normale ». Ces volumes qui auraient dû rejoindre l’Algérie se sont reportés vers d’autres destinations comme la Grèce ou le Maroc, avec pour conséquence des prix plus agressifs des concurrents exportateurs. Florimond Desprez observe aussi une tendance de fond : « La volonté accrue de l’Algérie, de la Tunisie ou de l’Égypte de développer la multiplication locale ».

La France tire son épingle du jeu

Sur un territoire de production de plant de pomme de terre européen de 120 000 ha, les 7 principaux pays producteurs ont vu leurs surfaces emblavées augmenter de 3 000 ha, dont 1 200 ha pour la France seule. La moitié de ces plants a pour destination le marché de l’industrie, un tiers répond à la demande en frais, le reste couvre l’export. « La Pologne devient autre chose qu’un pays producteur secondaire, avec une augmentation de 670 ha en production ». Si les Pays-Bas marquent le pas en étant incapables de suivre le rythme européen, la France « accélère son orientation vers des variétés pour la frite ; la production suit la demande de très près ».
Dans ce contexte européen, le plant breton a dû jongler avec différents aléas. « Les arrachages ont été tardifs, les variétés de type précoce sont arrivées plus tard et ont peiné à trouver leur place », note Baptiste Brunello, directeur de la production chez Germicopa. Face à ces retards, des exigences de plus en plus contraignantes des clients industriels, car « la pression sera de plus en plus forte sur le sujet des traitements », fait observer le responsable.

Des expéditions compliquées

Les forts volumes de viande de porc expédiés vers la Chine compliquent les expéditions par bateau, les containers étant moins disponibles. À cela s’ajoutent « des mouvements de grève dans les ports qui ont perturbé la fin de campagne, à un moment où les réapprovisionnements de certains clients sont des débouchés intéressants », note Florimond Desprez. Des alternatives de livraison par camion ont été trouvées, mais à un coût de transport deux fois plus élevé.

La consommation joue sur le plant

Florimond Desprez soulève aussi le risque de surproduction en Europe, causée par « une nouvelle augmentation des surfaces de pomme de terre de consommation. Avec 630 000 ha plantés pour un rendement moyen de 50 tonnes / ha, les 29 millions de tonnes seront dépassées. Or, nous remarquons que dès que les volumes atteignent les 27 millions de tonnes, l’impact est réel sur la filière plant comme consommation ».


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