Les entreprises, les collectivités, les consommateurs peuvent jouer un rôle dans le maintien d’un maillage dense de paysans. Cela passe souvent par des démarches de différenciation avec une meilleure valorisation.
Quel rôle peuvent avoir les acteurs économiques et locaux dans le maintien de paysans nombreux sur des territoires vivants ? La question a été posée aux différents intervenants lors de l’assemblée générale de la Confédération paysanne d’Ille-et-Vilaine, le 11 février à Pancé. Exemple avec la collectivité « Eau du bassin rennais » qui valorise la production d’agriculteurs situés en amont des captages d’eaux de son périmètre dans les restaurants scolaires. « Pour le moment, la démarche rassemble 15 acheteurs et 20 producteurs », a souligné Daniel Helle, ingénieur Eau du bassin rennais.
Mais ce marché public est insuffisant au niveau des volumes. « C’est pourquoi nous souhaitons nous adresser aussi au marché grand public. Depuis l’été dernier, des produits sont commercialisés sur le territoire portant la marque Terres de sources. Cette démarche est aussi pédagogique envers les consommateurs pour qu’ils prennent conscience de l’importance de leurs actes d’achat. » De leur côté, les producteurs s’engagent à respecter un cahier des charges : absence d’huile de palme et d’OGM dans l’alimentation animale, absence d’antibiotique en préventif et absence de certains pesticides posant problème. « En échange, ils reçoivent une juste rémunération. »
Une association en essor avec les consommateurs
Autre démarche, lancée en 2009 par des producteurs et des consommateurs : Le Goût d’ici. Elle propose des paniers en vente directe sur le territoire des Vallons de Haute-Bretagne et ses environs. « Les consommateurs composent leur panier sur Internet et vont le chercher sur la ferme en dépôt-vente la plus proche de chez eux. Au total, une vingtaine de fermes (en bio ou proche du bio) sont impliquées dans cette démarche », explique Gwenaël Floc’h, maraîcher bio à Val-d’Anast.
« Nous commercialisons entre 280 et 330 paniers par semaine. Le développement est important avec un chiffre d’affaires de 500 000 € sur le dernier exercice, en hausse de 23 % sur un an. » Le collectif va mettre en place une plate-forme logistique sur Guichen pour la confection des paniers qui hébergera aussi des évènements. Selon Gwenaël Floc’h, « l’accueil de jeunes sur nos fermes est un bon moyen de leur donner envie de s’installer. »
« S’adapter aux marchés, la priorité »
Pour Arnaud Ménard, directeur commercial de la laiterie Triballat Noyal, le maintien d’un tissu agricole dense sur le territoire passe par l’équilibre économique des différents acteurs. « S’adapter aux marchés est la priorité. La laiterie a mis en place différentes segmentations : sans OGM, bio, local… En lait de vache, la consommation baisse, mais nous accompagnons des installations en brebis et chèvres. L’origine France commence à prendre de l’ampleur. La restauration hors foyer est aussi un levier de croissance pour nous », explique Arnaud Ménard. Selon lui, les entreprises n’ont pas à orienter les agriculteurs sur la taille de leurs structures. « On risque d’exclure certains. Par contre, nous payons chaque litre de lait au même prix. »