Un chargeur en prise avec son époque

 - Illustration Un chargeur en prise avec son époque
Puissant et maniable, le chargeur est utilisé pour l’alimentation, le paillage, le curage…
Les moteurs électriques sont encore peu courants dans le matériel agricole. Mais cela pourrait bientôt changer avec de nouvelles générations d’équipements qui allient puissance et confort de travail. Témoignage du Gaec des Gendronnières, en Ille-et-Vilaine.

Sans bruit, le chargeur se faufile dans la stabulation. Le geste sûr, Franck Houssais manie l’outil avec dextérité pour distribuer le fourrage. « Ce matériel, je l’utilise au quotidien pour l’alimentation, le paillage, le curage… » Lorsqu’il s’est agi de remplacer le précédent équipement, Frank et son épouse Véronique ont pris le temps de la réflexion avant de se décider à franchir le pas de l’électrique. « Nous nous sommes renseignés auprès des constructeurs. Économiquement, il y a un surcoût de l’ordre de 20 % par rapport à un modèle diesel. Mais c’est un véritable confort à l’usage. Et cela nous a semblé plus cohérent avec notre exploitation bio dotée de panneaux photovoltaïques ». Au Gaec des Gendronnières, il ne s’agit pas là d’un paramètre secondaire !

[caption id= »attachment_44536″ align= »aligncenter » width= »720″] Véronique et Franck Houssais se sont équipés récemment d’un chargeur électrique. « Un choix cohérent » aux yeux de ce couple installé sur une exploitation bio lait-porc.[/caption]

Une conversion naturelle

Un parcours professionnel est rarement rectiligne. Il est fait d’opportunités que l’on saisit ou non. D’orientations que l’on prend en fonction de ses priorités personnelles, de la qualité de vie à laquelle on aspire. Véronique et Franck, eux, ont d’abord travaillé comme saisonniers dans le Jura avant de revenir s’installer en Bretagne. « À un moment, nous avons eu la possibilité de reprendre la ferme de mes parents, ici à Domalain (35). Pour nous, c’était le cadre idéal où élever nos enfants », explique Franck.

En 1995, le fils d’agriculteur bretillien revient sur les terres familiales et s’installe en association avec un couple de voisins, sur une exploitation mixte lait-porc. Durant un an, Véronique continue de travailler à l’extérieur, avant, elle aussi, de rejoindre le Gaec. Dans les années qui suivent, la réflexion sur la conversion au bio débute. « Cela s’est fait naturellement. Lorsque nous étions dans le Jura, notre environnement était très bio, souligne Véronique. Et nous étions tous deux convaincus que cela nous conviendrait ». Leurs associés souhaitant finalement rester en agriculture conventionnelle, le Gaec est dissous en 2001. Pour ce nouveau démarrage, il faut réinvestir dans la construction d’une stabulation et d’une salle de traite. Véronique reprend alors un travail à l’extérieur. Les résultats technico-économiques s’avérant meilleurs que ceux anticipés sur le prévisionnel, elle effectue rapidement son retour sur l’exploitation. Puis, après la partie lait convertie en 2001, c’est au tour de l’atelier porcs, sept ans plus tard, de passer en bio.

Pendant plusieurs années, une partie de la production est écoulée via la vente directe, sur la ferme. « Le contact avec la clientèle est quelque chose d’agréable, reconnaît Véronique. Mais cela demande beaucoup de préparation. Et là, j’ai envie de lever un peu le pied ! ».

[caption id= »attachment_44538″ align= »aligncenter » width= »720″] L’atelier porcs a été converti au bio en 2008.[/caption]

Moins mais mieux

Pour le couple de quinquagénaires, l’idée désormais n’est pas de travailler plus, mais mieux. À l’image de leur utilisation du chargeur électrique. Si la pleine charge — 6 heures — des batteries au plomb autorise une autonomie largement suffisante de 4 heures de travail effectif, Franck assure cependant avoir modifié ses habitudes. « Je me suis pris au jeu. J’ai changé ma manière de conduire, je suis plus souple qu’avant. J’ai également optimisé mes circuits afin de ne pas rouler à vide ».
Toujours en quête de nouvelles solutions qui soient conformes à leur vision du métier, les deux agriculteurs vont prochainement replanter des haies sur leur exploitation, dans le cadre du programme Breizh Bocage. Dans le même esprit, ils s’intéressent d’ailleurs depuis quelque temps à l’agroforesterie. À les voir, pas de doute possible : être en phase avec ses convictions est bien une source d’énergie renouvelable !

Nous avons tout de suite été séduits par le projet de chargeur électrique présenté par Véronique et Franck Houssais, en totale cohérence avec les orientations données à leur ferme depuis leur installation.  Depuis un moment, le CMB a donné une dimension RSE à sa gamme de financements en intégrant notamment des offres dédiées à des conditions préférentielles. Ce projet précurseur s’inscrivait parfaitement dans ce cadre. En tant que partenaire financier, c’est toujours réjouissant de rencontrer et d’accompagner des agriculteurs qui investissent dans le développement durable.David Derunes, chargé de clientèle agricole au CMB, pôle d’expertise de Vitré-Châtillon

Jean-Yves Nicolas


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