L’automne dernier, suite à l’ouverture du nouveau silo de maïs, la santé des pieds s’est dégradée chez les frères Le Boulichet, du Gaec de Locmaria, à Cléguérec (56). Dans le cadre d’un audit boiteries du GDS Bretagne, le passage d’un pédicure bovin va aider à découvrir la cause des problèmes.
Le troupeau du Gaec de Locmaria à Cléguérec (56) n’avait jamais vu un pareur. Même si les vaches, qui sortent presque toute l’année et parcourent jusqu’à 2 km par jour, déclarent parfois quelques boiteries. Cependant, fin octobre dernier, à l’ouverture du nouveau silo de maïs, la santé des pieds s’est dégradée. « Novembre a été très compliqué. Les panaris se sont multipliés », confient les associés Simon-Pierre et François-Xavier Le Boulichet. Un problème pouvant effectivement intervenir quand les chemins sont dégradés en fin d’année.
Un peu dépassés, les deux frères ont alors contacté le GDS Bretagne à la rescousse (il est aussi possible de passer par son vétérinaire). Vers la mi-décembre, une visite du conseiller spécialisé Philippe Le Mestrallin s’est concentrée sur la notation des aplombs des animaux : « 0 pour absence de problème, 1 pour début de boiterie et 2 pour les vaches boiteuses ». Ce classement a permis de sélectionner un groupe de 20 animaux parmi la centaine du cheptel – cinq notés 0, cinq notés 2 et dix notés 1 – candidats à un parage diagnostic un mois plus tard.
Ce matin de janvier, Claude Juif et son fils Alexandre, tous deux pédicures bovins, sont à pied d’œuvre au Gaec. Leur cage installée au bout du couloir de retour de la salle de traite. « L’objectif du parage diagnostic est de lever tous les pieds postérieurs des animaux, de les tailler et de les soigner, et surtout de noter la présence et la gravité des lésions afin, à l’arrivée, de déterminer l’origine majeure des boiteries », rappelle, en préambule, Philippe Le Mestrallin.
Un éventail de cas, mais pas de panaris
Au fur et à mesure des interventions, le conseiller relève les informations sur sa tablette. Les animaux se succèdent dans la cage et les spécialistes découvrent peu à peu un éventail de problèmes : érosion du talon, hématome, couronne gonflée, caillou coincé qui a provoqué une ouverture de la ligne blanche, rotation d’onglon, concavité d’onglon, concavité cerclage, dermatite, limace, petite seime interne… Certaines situations ne sont pas si graves et les pédicures, après un parage curatif, soignent les lésions, posent une talonnette pour soulager l’animal, réalisent un pansement… D’autres cas sont un peu plus inquiétants : « Cette ouverture de la ligne blanche a évolué en nécrose. Les bactéries ont profité de la porte d’entrée de la blessure pour s’installer et grignoter les tissus qui pourrissent et meurent. En fin de lactation, il faudra réformer cette vache », explique Claude Juif.
Mais, bonne nouvelle, pas de panaris en vue. Même ce pied enflé n’en est pas un : « Cela y ressemble mais c’est en fait une cerise qui a mal tourné. L’infection est remontée… Il aurait fallu la parer il y a deux ou trois mois », explique le pédicure. Cette observation a son importance puisque le panaris est la seule maladie pour laquelle un traitement antibiotique est approprié. Pour les autres affections du pied, la lutte passe par du parage et d’autres types de soin.
« Un véritable besoin de parage »
En fin de matinée, Philippe Le Mestrallin fait les comptes. 13 vaches sont concernées par une ouverture de la ligne blanche, le problème majeur dans cet élevage. Le conseiller a aussi relevé huit rotations d’onglon, synonyme d’une pousse irrégulière de la corne. Au total, sept talonnettes ont été posées. Et une seule dermatite a été découverte.
« Des onglons pas très longs, pas trop de lésions pour des animaux qui marchent beaucoup, très peu de dermatite, pas de sang dans la corne… » Pour Claude Juif, « excepté deux cas de nécrose avancée », la situation n’est pas catastrophique pour un troupeau qui n’avait jamais fait appel à un pédicure. « Mais il y avait tout de même un véritable besoin de parage. Certaines vaches ne boitent peut-être pas, mais elles ne sont pas à l’aise sur leurs onglons. » Les éleveurs, eux, ont compris que le panaris n’était finalement pas si fréquent sur l’élevage et saisi l’intérêt d’un parage régulier : « En fait, c’est une nécessité chez nous. Cela va permettre de résoudre facilement les problèmes de boiterie et éviter les frais de traitement quand cela s’aggrave. »
Et Claude Juif de conclure : « Si les éleveurs voyaient tous les billets de 5 et 10 € qui s’envolent chaque fois qu’une vache n’est pas en forme sur ses pieds, ils nous appelleraient beaucoup plus tôt. »