À la recherche d’une approche plus autonome, les associés du Gaec de Kerbalanen, à Ploumagoar (22), ont investi dans une remorque pour valoriser davantage d’herbe, sans imaginer qu’elle deviendrait l’outil central de l’alimentation.
Maïs, correcteur azoté, paille… Nathalie et Dominique Oisel ont longtemps parié sur cette « ration classique » alors que leur parcellaire morcelé rendait le pâturage trop compliqué. La production était au rendez-vous : 10 000 kg de lait par vache par an. « Mais nous n’avions aucun levier pour abaisser le coût de production », expliquent les associés. « Et en maïs plat unique, il fallait gérer un certain nombre de problèmes métaboliques. Caillette, acétonémie… Les cures de propylène étaient fréquentes pour les vaches ayant du mal à démarrer en lactation. »
Évoluer pour diminuer le coût alimentaire
En 2009, la crise du lait passe par là. « La rentabilité n’étant plus au rendez-vous, nous voulions diminuer l’achat de correcteur azoté et gagner en autonomie. » L’année suivante, la Chambre d’agriculture réalise une étude pour entrevoir le potentiel de réduction des 88 € / 1 000 L de coût alimentaire. « Bien sûr, le plus économique était de faire pâturer plus les vaches au pâturage… Mais en termes d’organisation, de temps de travail, de carrefours à traverser et de nettoyage des routes, c’était trop compliqué. » L’autre voie ? Investir pour s’orienter vers l’affouragement en vert au quotidien et le stockage d’herbe ensilée pour nourrir les animaux l’hiver.
Après un an de test avec une remorque spécifique à l’affouragement, les Costarmoricains achètent, en 2012, une autochargeuse dont la conception leur a tapé dans l’œil. « Certainement la machine la plus chère que nous avons achetée… Mais celle que nous avons amortie le plus vite », confient-ils. 80 000 € au total avec « l’indispensable » option pesée. Dès cet instant, l’affouragement en vert entre dans le quotidien, de mars à novembre, « pour rapporter de la protéine à l’auge ». Et des fauches conservées en ensilage viennent remplacer « les 500 à 600 coûteuses bottes d’enrubanné par an ». Aujourd’hui, 600 tonnes sont stockées sous forme d’ensilage.
Associer affouragement et ration mélangée
Même si le troupeau a accès à quelques prairies, il est nourri en ration complète en bâtiment toute l’année. Hasard du calendrier, peu après l’achat de l’autochargeuse, la mélangeuse de l’exploitation, « usée et trop petite », arrive en bout de course. Ne manquant pas de ressource, Dominique Oisel expérimente alors l’ajout de maïs dans la remorque après avoir récolté l’herbe. La distribution à l’auge s’étant déroulée ensuite sans problème, depuis, la ration mélangée du Gaec est élaborée grâce à l’autochargeuse (voir encadré) et la mélangeuse n’a jamais été renouvelée… « Le brassage n’est peut-être pas aussi important, mais les fourrages stockés sont prêts à être consommés. À l’auge, les vaches ont de tout partout. »
Moins de correcteur azoté
En pleine pousse, 8 à 10 t d’herbe sont ramassées par jour (80 kg bruts par vache), complétées par un peu de paille broyée et d’ensilages de maïs et de maïs épi. Il n’y a alors plus de correcteur dans le régime. « C’est une période très économique où le coût alimentaire descend à moins de 55 € / 1 000 L pendant deux mois. » Un coût moyen annuel qui se situe désormais entre 60 et 70 € / 1 000 L (le correcteur azoté étant passé de 1 250 à 650 kg / vache / an). Le coût d’élevage des génisses a également baissé (la ration paille – maïs ensilage – correcteur azoté a évolué vers un régime à 70 % d’ensilage d’herbe). Parallèlement, sans surprise, la production est descendue à 8 200 kg de lait par vache par an, mais les problèmes métaboliques ont disparu et la marge brute a bien progressé.