Une quinzaine d’agriculteurs se sont réunis dans les locaux de Terres de Saint-Malo pour évoquer les solutions disponibles pour la fertilisation des sols ou des substrats, en systèmes légumiers bio.
Jérôme Niort, technicien bio à Eureden, avait identifié la problématique l’été dernier, particulièrement pendant la période d’élevage des plants de choux en mottes.
Durcissement de la réglementation pour 2021
Au 1er janvier 2021, les effluents importés en agriculture biologique devront justifier de leur origine hors élevages dits industriels. Les « élevages industriels », qui ne seront plus autorisés, sont définis comme les élevages cumulant deux conditions :
– Leur taille est supérieure à une norme européenne (ex : 60 000 emplacements pour les poules / 3 000 emplacements pour les porcs de production (de plus de 30 kg) / 900 emplacements pour truies…) ;
– Les animaux sont logés dans des systèmes 100 % caillebotis ou grilles intégrales et cages.
Les règles précisant l’utilisation de digestat, issu de méthanisation, sont encore attendues.
[caption id= »attachment_45024″ align= »aligncenter » width= »720″] Fertilité des sols et nutrition des plantes en système bio au programme de la réunion.[/caption]
Tensions autour de l’approvisionnement
À cette restriction, s’ajoutent les difficultés d’approvisionnement en matière première animale déjà observées avec la diminution des élevages en Bretagne, l’optimisation des rations (réduction des déjections) et la concurrence des méthaniseurs. « 40 % du sourcing de fientes de poules pondeuses sera demain exclu pour les bio », précise Christophe Hue, de la société Doraven (anciennement Lemée). L’entrée en vigueur de cette réglementation risque donc d’accroître les tensions sur ce marché de l’amendement organique autorisé en systèmes bio. L’anticipation des achats sera nécessaire pour s’assurer une livraison.
Doraven : acteur breton des amendements compostés
La société Doraven, basée à Aucaleuc (22), près de Dinan, valorise les coproduits organiques et en assure la livraison. Ces produits sont issus de lisier déshydraté ou fumiers de porcs, bovins et volailles. Leur gamme se compose de fertilisants organiques compostés à différentes dynamiques de libération d’azote. Par exemple l’orgaferti B, constitué de fiente de volaille déshydratée, est riche en azote et rapidement assimilable.
Angibaud : producteur de fertilisants élaborés
Angibaud transforme une multitude de matières premières d’origines animales et végétales, pour composer ses produits à équilibre varié en éléments nutritifs. Le guano de poisson en est le constituant principal. Orga Temz 10-4-7, à base de guano d’oiseaux marins, tient sa notoriété à la cinétique de minéralisation de l’azote, proche de l’urée. Disponible en bouchons ou en miettes, il doit être positionné de préférence en localisé pour bénéficier au maximum à la culture, dès la plantation.
Le produit foliaire Geodyn (10.9-0-0), issu de composés végétaux et animaux, a marqué certains utilisateurs par la réponse immédiate observée : « Les plants de choux durcissent et s’allongent aussitôt.» Avec l’émergence de nouveaux labels associés à des exigences spécifiques, s’assurer de l’autorisation d’usage dans son cahier des charges est une précaution obligatoire. La Bretagne étant une zone d’élevage, les légumiers de notre région auront toujours l’avantage de la proximité.
Charlotte Carn / Eureden