À l’occasion de sa visite au Salon de l’agriculture le 25 février, le nouveau commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, a livré ses grandes priorités à Agra Presse. Le Polonais se place en défenseur des petites et moyennes exploitations, ainsi que des budgets agricoles et ruraux.
Vous êtes nommé alors que la réforme de la Pac est déjà entamée. Quelles sont vos marges de manœuvre et vos priorités pour faire évoluer la réforme de la Pac ?
La proposition de la Commission Juncker est aussi la proposition de la nouvelle Commission. C’est la base du débat pour le futur de la Pac. Un débat débute entre les institutions européennes, Conseil, Parlement et Commission. En tant que commissaire à l’Agriculture, je me déclare ouvert à tout amendement qui améliorerait la proposition de la Commission.
Aujourd’hui ma priorité, c’est le budget de la Pac. Une proposition a été faite en 2018, mais le Green Deal est apparu depuis, comme une nouvelle priorité de la Commission von der Leyen. Et ce Green Deal inclut les stratégies « de la fourche à la fourchette » et biodiversité. Nous nous attendons donc à ce que le Green Deal se traduise par de nouveaux défis pour les agriculteurs, comme la réduction des pesticides, des engrais, l’introduction de pratiques environnementales. C’est nécessaire bien sûr, mais cela ne peut être accompli qu’avec les agriculteurs et non contre les agriculteurs. Ils doivent être la solution, pas un problème à régler. C’est très important. Nous avons besoin d’un budget adéquat pour ces objectifs ambitieux.
Justement, les objectifs du Green Deal sont-ils compatibles avec le budget proposé par la Commission ?
La proposition de budget pour la Pac de la Commission est inférieure à la précédente. Il y a des raisons à cela : l’addition de nouveaux objectifs en matière de défense, d’immigration. Mais si nous voulons accomplir davantage de choses avec l’agriculture, pour l’environnement, pour le climat, pour la santé, nous avons besoin de davantage de moyens. On ne peut pas atteindre les objectifs ambitieux du Green Deal avec moins d’argent. C’est impossible, c’est mon devoir de le dire.
Quel est votre rôle dans le Green Deal ? Avez-vous la main ?
Oui, le commissaire pour l’Agriculture et la DG Agri sont très actifs dans cette démarche. Pour les agriculteurs, la partie la plus importante du Green Deal est la stratégie « de la fourche à la fourchette » pour rendre notre agriculture plus respectueuse de l’environnement. Nous discutons de manière très intense avec les autres directions générales pour préparer la communication sur cette stratégie.
Ma priorité, c’est que nous avons besoin, bien sûr, de plus de pratiques respectueuses de l’environnement et du bien-être animal mais aussi, nous avons besoin des politiques agricoles plus respectueuses des agriculteurs, qui protègent les agriculteurs. Nous avons un problème de dépopulation des régions rurales, de manque de renouvellement des générations. C’est très difficile d’encourager les jeunes à être agriculteurs. Les petites et moyennes exploitations familiales ne peuvent pas être compétitives avec les grandes fermes industrielles.