La truie devra « plaire » à la société

 - Illustration La truie devra « plaire » à la société
Les généticiens, qui se sont exclusivement focalisés sur les critères de performances, doivent désormais composer avec les attentes sociétales. La truie du futur sera robuste, capable de vieillir.

« Demander aux truies de faire beaucoup plus de portées est antagoniste avec le progrès génétique mais la société nous reprochera les carrières courtes ». Michel Sourdioux, généticien chez Axiom, pointe un problème qui affecte d’autres espèces. La vache Holstein, formule 1 des laitières, ne réalise que 2,5 lactations en moyenne dans sa trop courte vie. La société attend la filière au tournant… « Nos truies seront plus robustes et capables de transmettre leurs gènes à leurs descendants. Limiter la mortalité des porcelets sera un objectif fort des prochaines années même si biologiquement le porc est une espèce qui base son renouvellement en intégrant une mortalité périnatale ». L’efficacité alimentaire restera un des piliers de la sélection, dans un contexte qui évolue, avec notamment une compétition plus affirmée sur les matières premières. La productivité également mais avec un axe plus affirmé sur le poids des porcelets à la naissance et leur homogénéité. La nécessité de réduire le risque d’odeurs sur les charcutiers non castrés incite la filière à entreprendre un travail sur la voie femelle, sans perte de fertilité. La raréfaction probable de la main-d’œuvre plaide également pour la recherche d’animaux robustes.

Génome modifié ?

La génétique reste une science des grands nombres, de mesures et de calculs. « Nous enregistrerons toujours plus de données phénotypiques grâce aux puces RFID ». Le comportement de la truie, en gestation mais aussi en maternité (levers-couchers) sera ainsi décortiqué grâce à des outils de mesure (accéléromètres). La sélection génomique se poursuivra car plus précise et de moins en moins onéreuse. « Les puces seront plus denses et mieux adaptées à chaque race ». L’environnement a une influence sur le génome par des modifications dites épigénétiques. « De nouvelles puces pour les marqueurs épigénétiques permettront de mieux travailler les caractères maternels ». Peut-on s’attendre à des travaux visant à modifier le génome ? « La technologie est de plus en plus accessible mais les gènes à modifier sont toujours peu connus et leur rôle est encore mal appréhendé. De nombreux gènes sont impliqués dans les critères de productivité. Dans les 10 prochaines années, la modification du génome n’interviendra pas dans la sélection. D’ailleurs, elle ne serait pas acceptée par la société. Dans quelques décennies … ». Pas de révolution à court terme ; les ruptures technologiques et les nouveautés miracle ne sont pas pour demain.


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