La mise à l’herbe est un moment clé de l’année pour les animaux mais également pour la gestion de l’exploitation. Peu importe les objectifs : fermeture du silo de maïs, ration avec 50 % d’herbe… Chaque éleveur doit s’assurer que cette transition se fasse en douceur et réponde aux besoins nutritionnels des animaux pour ne pas perdre en productivité.
L’entrée au pâturage est une étape charnière qui nécessite de prendre quelques précautions. La qualité nutritionnelle et l’encombrement de la ration doivent couvrir les besoins de la vache pour maintenir le niveau de production. Passer de la ration hivernale à de l’herbe jeune n’est pas anodin, pour les ruminants, chez qui la flore du rumen est fragile. À chaque changement d’alimentation, le substrat est modifié et la population microbienne demande plusieurs semaines d’adaptation. Il faut maintenir la valorisation de la ration et les performances zootechniques sans pénaliser les animaux.
Transition alimentaire en douceur
Tôt dans la saison, lorsqu’il y a encore peu d’herbe disponible et lorsque les conditions météorologiques sont correctes, sortir les vaches quelques heures par jour aide à une transition en douceur. En fonction de la pousse de l’herbe, et avec une panse pleine, on peut ensuite envisager le pâturage toute l’après-midi, puis toute la journée. Lors de la transition alimentaire, il faut stabiliser le pH ruminal et ajuster la quantité de correcteur azoté à la quantité de fourrages à l’auge. « Éviter l’excès d’azote au pâturage est un principe tout aussi valable d’un point de vue environnemental, économique qu’en matière de santé animale. Différentes solutions existent pour valoriser les rations riches en azote soluble. Nos essais ont montré que leur utilisation permet de limiter la chute du taux butyreux du lait et, surtout, de limiter les pertes d’état sur les animaux. Au final, la reproduction se trouve ainsi favorisée », précise Philippe Charlotin, chef de marché Nutrition Ruminants Eureden.
Pour rappel, l’excès d’azote entraîne un gaspillage de protéines sous forme ammoniacale, cause de mortalité embryonnaire. Ce risque est élevé dans les 7 premiers jours qui suivent la fécondation. L’herbe étant carencée en magnésium, il faut aussi penser à ajuster la complémentation minérale. Le transit accéléré à cette période demande des formes d’apports en oligo-éléments plus sécurisées. David Falc’hun, chef produits Nutrition Ruminants Eureden, recommande un minéral enrichi en chélates et hydroxy pour les apports d’oligo-éléments. Il ajoute : « L’apport combiné d’oligo-éléments sous forme hydroxy et chélates permet de miser sur plusieurs formes d’assimilation pour ces composés. Pour plus de praticité au quotidien, le minéral peut être utilisé en incorporation à l’aliment.» Enfin, la mise à disposition de fourrage sec, foin ou paille, assure un apport de fibres pour augmenter la durée de rumination et ralentir le transit, maximiser le recyclage salivaire et faire remonter le pH ruminal.
Comment s’y préparer ?
La mise au pâturage nécessite quelques préparations au niveau des animaux. Autant les apports de phosphore du pâturage peuvent être importants, autant les apports de calcium du pâturage vont dépendre de la quantité de légumineuses dans les mélanges pâturés. Dans tous les cas, l’assimilation des macro-éléments est parfois aléatoire suivant le transit et l’état de la muqueuse intestinale et l’exportation via la production laitière reste importante. Concernant le magnésium, la situation est plus préoccupante avec une herbe jeune riche en potassium mais carencée en magnésium. Philippe Charlotin précise : « Il est alors nécessaire d’augmenter les apports de magnésium (+15 à +30 g/vache laitière/jour) au-delà des recommandations habituelles pendant une période de 3 semaines avant la mise à l’herbe et de maintenir ces apports majorés jusqu’à un mois après la mise à l’herbe.»
Les formes d’apports du magnésium sont souvent faiblement assimilables ou peu appétentes. Le chlorure de magnésium apporté dans l’eau d’abreuvement du troupeau va dégrader l’appétence de l’eau, alors que les pertes peuvent être importantes du fait de la consistance des bouses. Des solutions nutritionnelles innovantes permettent à l’éleveur de limiter le risque de tétanie d’herbage, de stabiliser le pH ruminal et de protéger la muqueuse intestinale, en combinant des sources de magnésium diversifiées avec des argiles spécifiques.
La mise à l’herbe répond à plusieurs objectifs et doit avant tout permettre une optimisation de la bonne production fourragère. L’objectif est de ne pas gaspiller l’herbe en mai, de ne pas en manquer en été et d’assurer un stock suffisant pour passer l’hiver. Il faut donc s’assurer du nombre d’hectares disponibles par jour en fonction de la taille du troupeau, organiser le plan de pâturage, vérifier les clôtures, les points d’eau… La hauteur de l’herbe reste le point déterminant pour commencer la période de pâturage.
La mise à l’herbe des bovins viande
Marine Rozec / Eureden