« Les premières annonces de prix du lait pour le mois de mars sont un nouveau camouflet pour les éleveurs », estiment les responsables de la section laitière de la FDSEA des Côtes d’Armor.
Les négociations commerciales pour l’année 2020 à peine bouclées, les responsables de la section laitière de la FDSEA 22 ont vivement réagi. « On nous dit que le marché mondial est porteur, preuve en est l’appréciation de l’indicateur beurre / poudre et l’évolution de la demande mondiale ; on nous dit que les négociations vont dans le bon sens avec des annonces de contrats encourageantes ; on nous rappelle que la filière laitière française a retrouvé sa place de leader en termes de compétitivité au niveau européen… Pourtant, rien de tout cela ne ressort dans le prix au producteur. »
Connaître la réalité des négociations commerciales
Les syndicalistes dénoncent certains opérateurs « trouvant des justifications pour ne pas apprécier leur prix B malgré des indicateurs clairs ou d’autres choisissant de diminuer leur prix A ». L’argument de la saisonnalité ne passe pas non plus, s’emporte le président de la section Jean-Marc Loyer.
Outre le besoin de reconnaissance d’une société qui se laisse « déstabiliser par des messages véhiculés par des minorités », le responsable rappelle que le malaise des producteurs laitiers se résoudra par « une considération économique à la hauteur de l’investissement humain que demande cette production et conforme à la réalité des marchés ». À ce titre, les premières annonces de prix du lait pour le mois de mars 2020 ne passent pas. « Inacceptable ! », martèlent Nathalie Carmès et Philippe Cherdel.
Les syndicalistes demandent clairement des justifications. Des transformateurs, ils attendent de connaître la réalité des négociations commerciales. « Et bien sûr pourquoi il n’y a pas de signes de retours aux producteurs… » Ils veulent aussi savoir quels sont les gains de compétitivité potentiels chez les industriels pour maintenir une filière dynamique alors que les éleveurs, depuis 30 ans, font face à une pression démesurée sur le prix.
Chez la distribution, les membres de la section laitière dénoncent le décalage entre la réalité de la prise en compte des producteurs et les messages commerciaux, « mensonge organisé », qui ne concernent en fait qu’un volume réduit. « Le prix réel moyen payé au producteur n’est donc pas celui annoncé mais bien en deçà ! »
« Entente illicite entre distributeurs ? »
Pour les syndicalistes, « les relevés de prix en magasin montrent qu’une grande partie de la valeur des productions est détournée à travers des marges inacceptables des GMS ». Les éleveurs rapportent retrouver les mêmes offres d’une enseigne à l’autre aux mêmes périodes tout le long de l’année pour les mêmes produits et se posent la question d’une « entente illicite » entre groupes.
Jean-Marc Loyer estime que la loi Égalim a passé « sa phase d’apprentissage ». Le président de la section laitière demande à l’État d’agir, de contrôler et de sévir si nécessaire, « pour que la loi soit appliquée ». Les responsables syndicaux appellent les producteurs « à signifier leur mécontentement auprès de leurs partenaires ».