Un autre marché

Fin de partie pour l’hypermondialisation. Le grand marché planétaire se reconfigure à grande vitesse sous l’injonction des États-nations qui reprennent le pouvoir sur l’Organisation mondiale du commerce. En témoigne la partie de bras de fer entre les États-Unis et la Chine.

Cette joute entre deux puissances qui se disputent le leadership économique ne saurait masquer les bienfaits de l’OMC qui, en 30 ans, a contribué à diminuer de moitié le nombre de pauvres sur Terre – c’est-à-dire ceux qui vivent avec moins de 1,90 $/jour –. Jamais dans l’histoire de l’humanité autant de personnes n’étaient sorties aussi rapidement de la pauvreté. Revers de la médaille : d’autres inégalités se sont creusées. Les 1 % super-riches ont capté 27 % de la croissance totale pendant cette période. « Les 49 % situés juste en dessous, c’est-à-dire la quasi-totalité des Américains et des Européens, ont été perdants », analysent les deux lauréats du prix Nobel d’économie 2019.

Dans ce contexte propice au repli sur soi, attisé par des populistes de tout poil, le multilatéralisme né sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale (avec le Gatt en 1948) vacille. Les accords bilatéraux grillent de plus en plus la politesse aux fondements de l’OMC y compris dans le secteur agricole : Chine/USA, UE/Mercosur, Tafta, Ceta… Certes, l’agriculture a toujours été le petit caillou dans la chaussure de vair de l’OMC : pour des raisons de souveraineté alimentaire et plus largement « d’exception agriculturelle ». Les accords bilatéraux qui se négocient à tour de bras ne sont qu’une riposte boiteuse et incomplète car ils ne s’embarrassent pas des nouveaux défis du siècle : changement climatique, risques sanitaires (comme nous le rappelle le Coronavirus), déstabilisation sociale, etc. C’est toute leur faiblesse.


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