Éternel recommencement

Vers 30 avant-J.-C., Virgile louait l’agriculture dans les Géorgiques comme l’indique le titre issu du grec gè (terre) et ergon (travail). « En chantant la paysannerie, l’agriculture ou la succession des générations dans l’histoire, Virgile nous rappelle l’interdépendance des êtres », écrit l’ancien ministre Xavier Darcos dans son ouvrage « Virgile, notre vigie ». Plus : le poète antique apparaît en cette année 2020 extrêmement contemporain de notre époque. Lui qui encensa l’empereur romain Auguste connut « la civilisation romaine au bord du gouffre ». Et que préconisait ce fils de fermier souvent comparé à Homère ? « Il nous entretient de ce qui nous obsède aujourd’hui : le risque d’épuiser la terre (…). Il en tire une morale simple et saine qui se garde d’attenter à tout ce qui vit, flore et faune ».

L’épidémie de Covid-19 en particulier, et l’augmentation du nombre d’épidémies en général, ne dit rien d’autre sur notre comportement, comme le répètent nombre de scientifiques depuis quelques semaines. Tout comme le mentionnait déjà, en 2014, une étude de l’University College de Londres démontrant que 65 % des maladies émergentes recensées entre 1980 et 2013 sont des zoonoses.

Bref, à un tournant de l’Empire romain qui précipita sa chute, Virgile mettait en garde contre « les menaces d’un obscurantisme sans racine ni projet qui saccage tout, pour consommer sur place », résume l’académicien Xavier Darcos. D’une certaine façon, la déclaration commune des 27 ministres européens de l’agriculture du 17 avril, qui appelle à « faciliter la préparation des exploitations agricoles européennes pour faire face à la crise du Covid-19 ainsi qu’à d’autres défis présents et futurs, notamment le changement climatique et la perte de biodiversité », s’inscrit dans la même veine.


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