La pousse de l’herbe repart après trois semaines de vent d’est

Nichée dans le Pays de Châteauneuf-du-Faou (29), la ferme de Kernevez Boulogne possède une histoire singulière qui ne cesse de se questionner et surtout de se renouveler.

 - Illustration La pousse de l’herbe repart après trois semaines de vent d’est

Yves Coadou a eu l’opportunité de s’installer en 1996 grâce au dispositif de ferme relais, un crédit-bail porté par la commune de Plonévez-du-Faou pour maintenir l’activité agricole en zone rurale : « Cette ferme relais comprenait la maison d’habitation, les bâtiments de la ferme et 1 ha de terre ».

Entrée dans les paddocks à 12 cm

Depuis son installation, il a orienté son système de production vers un système herbager pâturant pour ses vaches laitières. Avec des sols portants et une pousse continue toute l’année, les prairies peinent toutefois à démarrer au printemps. « Cette année, les trois semaines de vent d’est et le froid n’ont pas été bénéfiques aux prairies, déjà sollicitées pendant l’hiver. Nous avons dû redistribuer aux vaches en production, pendant 10 jours début avril, de l’enrubanné, pour laisser aux prairies le temps de refaire leurs réserves ». Mais depuis les 12 mm de pluie tombés la semaine dernière et les températures qui grimpent, la pousse est repartie. L’agriculteur est ravi de cette situation : « La densité d’herbe est magnifique. Nous sommes en train de gagner des jours de pâturage sur toute la surface ! » Les vaches ont, depuis le 10 avril, de l’herbe comme plat unique. Le pâturage est organisé à l’aide de paddocks de 2 jours, l’entrée dans un nouveau paddock se faisant actuellement à 12 cm, mesure faite à vue de nez mais acquise avec l’expérience. Entamant leur 3e saison en monotraite et avec les 2/3 des vêlages réalisés (soit aujourd’hui 50 vaches traites), la production laitière est en progression aussi bien en volume qu’au niveau des taux qui s’élèvent ainsi à un TB à 54 et un TP à 42.

Des Prim’Hostein aux Jersiaises

Malgré le fait que les pesées de lait soient suspendues pendant le confinement, les associés peuvent apprécier directement la qualité du lait produit grâce à la transformation à la ferme : beurre, fromages, yaourts et autres produits laitiers constituent la gamme proposée à la ferme via le collectif « Du marché au panier » et dans les magasins de producteurs. C’est en 2006 que Véronique, la femme de Yves, devient salariée de la ferme et introduit la transformation à la ferme et la vente directe. L’équipe est ensuite renforcée avec l’arrivée de Thomas Quelever en 2014 qui apportera son lot de changement avec le basculement du troupeau de Prim’Hostein vers des Jersiaises : « Ce changement de race a produit pour moi un vrai changement de métier !  », affirme Yves Coadou. Mais les changements ne se sont pas arrêtés là : on peut aussi citer la production de vaches allaitantes et veaux de lait (croisement avec des Angus) et le groupement des vêlages au printemps (environ 90 % des vêlages réalisés avant le 1er mai) afin de dégager du temps pour d’autres activités.

Gérer son herbe au printemps

Le déprimage, étape clé dans la gestion de l’herbe, consiste à faire pâturer tous les paddocks à ras en sortie d’hiver, dans l’objectif de nettoyer l’herbe qui a passé l’hiver et surtout d’apporter la lumière nécessaire à la bonne pousse du trèfle. Une fois cette étape terminée, au plus tard le 15 avril, il est temps d’attaquer le second tour. Ce deuxième tour se fait dans le même ordre que le déprimage, avec des entrées dans les paddocks quand l’herbe atteint 18 cm de hauteur au mètre ruban et des sorties quand les refus sont entamés (tout paddock commencé doit être terminé). Si plusieurs paddocks ont atteint 18 cm de hauteur, et qu’on estime avoir 10 à 15 jours de pâturage d’avance, alors on débraiera les paddocks à 18 cm et on reprendra le cycle au bon stade. Avoir une vision d’ensemble de la pousse permet de s’adapter et d’être réactif.

En zone humide


Les vaches dorment dehors et ne mangent plus de maïs depuis le 7 avril. Finalement, je n’ai pas réussi à finir mon silo de maïs libre-service donc je l’ai fermé. Je vais finir le deuxième tour de pâturage d’ici 2 ou 3 jours. L’herbe est juste au bon stade (environ à mi-botte) et le trèfle est bien présent. Les vaches pâturent très bien, toujours au fil avant. Je distribue 800 g de blé et 150 g de minéral par vache et par jour. Les vaches mangent aussi un peu de foin de RGI bien sec qui est à disposition dans un râtelier. La production se maintient autour de 26 L /VL/jour (TB : 41,6 – TP : 32,5). La pousse de l’herbe est satisfaisante pour la saison.
Cédapa : 02 96 74 75 50 - Yannis Collet, Plumieux (22)

En zone intermédiaire


Les 52 VL ont pu pâturer 6 jours sur des parcelles en bord de cours d’eau (prairies habituellement plus humides à cette période) avant de démarrer le 1er tour de pâturage vendredi dernier : l’herbe poussait timidement. Comme elles ne mangeaient quasiment plus rien à l’auge, j’ai arrêté de leur distribuer l’enrubannage de RGI. En revanche, elles reçoivent toujours 7 kg/j de maïs (distribué le soir) et 800 g de concentré. J’attends d’avoir suffisamment d’avance en herbe dans mes prairies pour fermer le silo de maïs. La production a, quant à elle, augmenté depuis que la part d’herbe pâturée a augmenté dans la ration, soit 21L/VL/j (TB : 43 et TP : 32,3). Civam AD 56 : 06 83 60 88 61 - Gregory Heyman, Grand-Champ (56)

En zone séchante


Les vaches sont en tout herbe. J’ai fermé le silo la semaine dernière. Après la traite, elles ont accès à l’auge avec un fond de foin, de paille, de minéraux et de sel. Mes paddocks de 1 ha sont pâturés en 2,5 jours (5 repas). J’ai encore 4 paddocks à pâturer, soit 10 jours d’avance. Puis, j’entamerai mon 3e tour. La production laitière oscille, selon la qualité de l’herbe, entre 18,5 et 19 kg de lait/VL avec des taux de TB : 39,6 et de TP : 34,3. La prochaine prairie, plus vieillissante, ne sera pas d’aussi bonne qualité. Mais je préfère perdre 1 kg de lait/jour/VL et qu’elles me la nettoient pour maintenir une herbe de qualité pour les prochains tours. Adage : 02 99 77 06 56 - Marie-Édith Macé, Melesse (35)

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