Valorisation du pâturage, baisse des concentrés et du correcteur : le levier alimentaire est à privilégier pour réduire la production sans remettre en cause le potentiel de l’atelier lait. La monotraite peut venir ensuite.
D’un côté une production en hausse avec le démarrage du pâturage, de l’autre une consommation en berne du fait de l’épidémie de Covid-19. Le risque de surproduction laitière est affiché par la filière. « Des leviers techniques existent pour réduire les quantités de lait produites sans remettre en cause le potentiel productif des exploitations. L’objectif est de maintenir la marge avec un lait moins cher à produire », commence Benoît Portier, de l’équipe herbivores de la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Pas de risques pour le futur
« Le levier alimentaire est à privilégier. En veillant à préserver un apport d’azote suffisant, il n’y a aucun risque de pénaliser la future lactation, la santé ou la reproduction ». Le conseiller précise que la valorisation de l’herbe printanière est la première voie d’économie. On peut ensuite réduire le concentré de production. « C’est une piste qui permet d’abaisser la production jusqu’à 5-6 %. »
Il est également possible de limiter l’apport de correcteur azoté. « Il peut être supprimé dès qu’on atteint la moitié de la ration en pâturage. Quand la ration contient moins d’herbe tout en restant à plus de 5 kg MS d’herbe pâturée, on peut se baser sur un apport de 100 g de tourteau de soja / kg MS d’ensilage de maïs. Compter 50 % en plus pour du tourteau de colza, soit 150 g. Quand la ration contient une forte proportion de maïs, il faudra viser 175 g de soja et 250-260 g de colza / kg MS de maïs. »
Envisager la monotraite en système pâturant
Se combinant bien avec une baisse de production, la monotraite peut ensuite être envisagée si le pâturage est dominant et en abandonnant les concentrés de production. Supprimer une traite par jour est envisageable quels que soient le potentiel de production des vaches et leur race. Les références néozélandaises et irlandaises, les expérimentations menées en France montrent que la baisse de production est en moyenne de 25 % pendant la période de monotraite, mais variable d’un animal à l’autre. Les taux butyreux et protéique sont accrus.
« C’est l’occasion de tester une seule traite par jour, source de confort pour l’éleveur. La monotraite ne doit par contre être envisagée que sur un troupeau sain en cellules. Sinon elle peut provoquer une hausse des comptages cellulaires. » Cette technique est réversible, même s’il persiste une perte de lait inférieure à 1,5 kg/jour lors du retour à deux traites. Par contre, il n’y aura aucun effet négatif sur la lactation suivante.