Autour du 11-13 mai, les saints de glace n’ont pas failli à leur réputation. Et le froid des nuits printanières de la lune rousse a sévi localement en Bretagne.
En début de semaine, les semis de maïs étaient bien avancés. Selon le réseau Ceré’Obs, ils sont terminés « pour 80 % de chantiers dans les Côtes d’Armor (50 % ont levé), 85-90 % dans le Finistère pour 60 % de levée, et quasiment terminés en Ille-et-Vilaine (90 % de levée) et le Morbihan (70 % de levée) », relève Olivier Laborde Debat, de la Chambre d’agriculture à Saint-Ségal (29).
[caption id= »attachment_45673″ align= »aligncenter » width= »720″] Des sols croûtés sous l’impact des orages ont accentué le phénomène de jaunissement des plants.[/caption]
Des chantiers terminés même en zone tardive
Les semis se sont terminés cette semaine pour l’ETA Émery de Saint-Hernin (29). Dans cette zone de production tardive, les surfaces sont stables ; les céréales ont pu être mises en terre à l’automne, il n’y a donc pas eu de report sur des cultures de maïs. « Les premiers binages commencent sur des cultures à 3 feuilles. Certains maïs ont souffert de gelée », observe Patrice Émery. Les chauffeurs de bineuse devront sans doute être encore plus précis dans leurs travaux, les caméras embarquées sur ces matériels de désherbage mécanique préfèrant des plantes bien vertes pour mieux les distinguer.
Du jaune au vert
Les parcelles présentaient en effet en début de semaine des plants jaunis ; un phénomène résultant d’une photosynthèse réduite induite par le stress provoqué par un froid amplifié par le fort vent de nord-est qui a soufflé sans discontinuer toute la semaine dernière. « En Ille-et-Vilaine, les maïs semés avant le 10 avril n’ont pas subi le gel. Par contre, le phénomène est plus fréquent sur les semis après le 25/26 avril, à 3-4 feuilles », note Didier Rebillard, d’Eureden.
Il précise : « Les dégâts sont superficiels, le maïs a stoppé sa croissance. Il va redémarrer, mais il faut lui laisser du temps. » Déjà mercredi, les parcelles reverdissaient petit à petit. Les sols croûtés ou compactés par les orages accentuent cet effet de coloration.
Dégâts de choucas
Côté ravageurs, le risque de mouches n’est pas trop présent, même sur les maïs qui ont végété. Les choucas par contre font des dégâts par endroits.
Du temps pour se refaire une santé
Cet épisode de gelée localisé a été ressenti mercredi et vendredi de la semaine passée, avec des températures pouvant descendre jusque – 2 °C dans les vallées ou à proximité de rivières. Le vent froid n’a pas arrangé les choses. « Avant le stade 5 feuilles du maïs, il n’y a pas de problème sur les cultures, le méristème apical est protégé car encore dans le sol. Au-delà de 6 feuilles, le gel peut avoir des conséquences dramatiques : si ce méristème est détruit, le maïs ne repartira pas », fait observer Louis Le Roux, conseiller à la Chambre d’agriculture de Morlaix (29). Si ces observations sporadiques font craindre le pire, Louis Le Roux conseille en cas de cultures touchées à un stade précoce par une gelée « d’être patient, en particulier pour le désherbage. Pour des applications en post-levée, il faut attendre que le plant se refasse une santé ». L’amplitude thermique est à surveiller de près, des différences de 15 °C entre le jour et la nuit sont fortement déconseillées pour intervenir.